Sahel : la sécurité au menu de la tournée de Jean-Marc Ayrault et de Sigmar Gabriel

Lundi 10 Avril 2017 - 16:00

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Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, et son homologue allemand  étaient en tournée au Sahel. Au Mali, ils se sont rendus à Gao et à Bamako où ils se sont entretenus avec le chef d’Etat  Ibrahim Boubacar Keita.

Mali : des relations bilatérales et les questions régionales

Avant le Mali, Jean-Marc Ayrault était le 6 avril  à Nouakchott en Mauritanie, où il  été reçu en audience par le président Mohamed Ould Abdel Aziz. L’entretien a porté sur les relations bilatérales et les questions régionales « dans lesquelles la Mauritanie joue un rôle important, notamment dans le domaine de la sécurité au Sahel ». Cette visite intervient après un coup de froid entre Paris et Nouakchott. Le point d’orgue de ces relations tendues a été la réception à l’Elysée du militant Biram Ould Dah Ould Abeid. Un épisode qui a suscité une vive protestation de la part de la Mauritanie.

Mais la France considère toujours la Mauritanie comme une alliée précieuse notamment dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Une position réaffirmée par Jean- Marc Ayrault à l’issue de sa rencontre avec Mohamed Ould Abdel Aziz. Par ailleurs, la visite du chef de la diplomatie française intervient dans un contexte politique tendu, avec la perspective d’un référendum pour un projet de réformes constitutionnelles, dénoncé par l’opposition.

Jean-Marc Ayrault s’est aussi rendu au secrétariat permanent du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), « pour apporter son soutien aux efforts en matière de défense et de sécurité », dont l’objectif vise à mutualiser les efforts dans les domaines de la sécurité et du développement.

Le G5 Sahel, plein de projets sans moyens

Trois ans après sa création, le G5 Sahel n’arrive pas à transformer en actes la dynamique à l’Origine de sa création. Les principaux projets de mise en place d’une force de défense commune et d’une compagnie aérienne régionale sont toujours dans les cartons. Le G5 Sahel a été ambitieux à sa création lors du sommet de Nouakchott du 15-17 février 2014. Les chefs d’Etat s’étaient fixés des objectifs très élevés articulés autour de deux axes, la sécurité et le développement.

Jusqu’à ce jour, ses objectifs et ses motivations restent sur certains points démesurés au regard des moyens dont disposent les pays de la région. Certains pays figurent parmi les plus pauvres au monde. Au nombre des principaux objectifs du G5 Sahel, on note: la création d’une force d’intervention commune; la création d’une école régionale de guerre en Mauritanie; le lancement d’une compagnie aérienne; la construction d’une ligne ferroviaire reliant les cinq pays et la suppression des visas entre ceux-ci.

Jean-Marc Ayrault et Sigmar Gabriel appellent à plus de solidarité européenne

En visite  le 7 avril au Mali avec son homologue allemand Sigmar Gabriel, le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a rendu hommage au « sacrifice » du caporal-chef Julien Barbé, tué le 5 avril, par la nouvelle formation jihadiste, « Nosrat Al Islam Wal Mouslime - les défenseurs de l’islam et des musulmans ».

Après une visite de la base de la force de l’ONU au Mali (Minusma) à Gao, les deux ministres se sont rendus à Bamako, où ils ont été reçus par le président Ibrahim Boubacar Keïta. Ils ont appelé à plus de solidarité européenne. L’Allemagne vient de fournir une large contribution à la Minusma, avec près de 1 000 hommes et des hélicoptères. Jean-Marc a rappelé l’engagement de la France dans un combat contre le terrorisme au Mali. Il a déclaré qu’ « il n’y a pas d’autre moyen ». « Nous n’allons pas négocier avec les terroristes qui revendiquent les attentats », a déclaré de son côté, le ministre des Maliens de l’extérieur, Abdourhamane Sylla, qui a rejeté la recommandation d’ouverture de négociations de la conférence d’entente nationale.

Nosrat Al Islam Wal Mouslime, un groupe terroriste déterminé à torpiller l’accord de paix au Mali

On sait que trois groupes jihadistes au Sahel( Ansar Dine d’Iyas Ag Ghaly, Al Mourabitoune de Moktar Bel Moktar et une bande d’Aqmi), viennent de  fusionner, pour donner naissance à « Nosrat Al Islam Wal Mouslime - les défenseurs de l’islam et des musulmans ». Leur but est de faire face à la mise en œuvre de l’accord de paix au Mali, et d’anticiper la coordination des actions du G5 Sahel, tout en perturbant les manœuvres de la cellule Barkhane.

La nouvelle entité semble afficher aussi une ferme volonté de marquer son territoire, face à l’hégémonie de Daech. L’ancien directeur général de l’Agence mauritanienne d' information (AMI) pense que ces groupuscules jihadistes « prennent ainsi une longueur d’avance sur les Etats, notamment le G5, dont la coordination des actions militaires et sécuritaires reste encore au niveau des intentions ». Cette nouvelle formation jihadiste a d’ailleurs revendiqué l’attaque qui a coûté la vie à un militaire français au Mali.

La force française Barkhane a comptabilisé 125 opérations en 2016 dans les 5 pays du Sahel dans lesquels elle opérait jusqu’ici seule ou en partenariat avec les forces locales. Barkhane vient de réorganiser son dispositif. « Un redéploiement de Barkhane en partie, parce qu'évidemment il faut rester présent au Nord et Barkhane l'est, mais il y a un travail qui se fait au niveau des trois frontières », a rappelé Jean-Marc Ayrault.

 

Noël Ndong

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