Angola : l’ONU dénonce les expulsions massives des Congolais

Samedi 27 Octobre 2018 - 15:39

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La Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a averti sur les conséquences des refoulements en série qui mettent les ressortissants congolais dans des conditions difficiles à leur retour dans leur pays. 

 

Le Bureau des droits de l’homme des Nations unies (HCDH) renseigne avoir reçu, lors d’entretiens avec des habitants de la ville frontalière de Kamako, dans le Kasaï, des informations selon lesquelles les services de sécurité angolais auraient fait un usage excessif de la force lors des opérations d’expulsion de ressortissants congolais. « L’expulsion massive de ressortissants congolais de l’Angola a déjà entraîné de graves violations des droits humains par les forces de sécurité des deux côtés de la frontière, laissant au moins trois cent trente mille rapatriés dans une situation extrêmement précaire », a regretté, le 26 octobre, dans un communiqué, la Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.

Selon ONU info, l’équipe du HCDH a pu vérifier les informations relatives à six morts qui seraient encore aux mains des forces de sécurité angolaises. Mais elle n'a pas pu entièrement vérifier certaines informations faisant état de nombreuses autres allégations de meurtres, qui suggèrent aussi qu’au moins cent personnes ont été blessées lors de ces opérations. « Le droit international et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples interdisent l’expulsion collective des étrangers sans recourir à une évaluation individuelle et la garantie d’une procédure régulière », a rappelé Michelle Bachelet, notant qu’en expulsant un si grand nombre de personnes en si peu de temps, l’Angola a mis des dizaines de milliers de familles en danger.

La Haut-commissaire appelle donc Luanda « à mettre un terme aux expulsions en cours jusqu’à ce qu’il puisse être assuré que tous les retours seront effectués dans le plein respect de l’Etat de droit et des droits humains de tous les migrants touchés ». Elle exhorte également le gouvernement angolais à veiller à ce que les forces de sécurité et les autres responsables de violations commises au cours de ces opérations d’expulsions soient tenus pour responsables de leurs actes.

Extorsion de fonds des expulsés 

Plusieurs migrants ont également affirmé aux services du HCDH avoir été victimes, à leur arrivée en territoire congolais à Kamako, d’extorsion de fonds et soumis à une « taxation » illégale de la part des forces de défense et de sécurité de leur pays. Il y a aussi été rapporté des allégations de détention arbitraire de migrants à leur retour. Ces allégations ont conduit  Michelle Bachelet à demander au  gouvernement congolais de mieux protéger les rapatriés, eu égard au « manque constant de reddition des comptes pour les graves violations des droits humains commises dans les Kasaï entre 2016 et 2017 ». Elle a, en outre, appelé le gouvernement congolais et la communauté internationale à redoubler d’efforts pour répondre aux besoins humanitaires urgents des rapatriés au Kasaï, au Kasaï central et dans le Kwango.

Lucien Dianzenza

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