Beach de Brazzaville : le trafic des handicapés à régulariser

Jeudi 13 Mars 2014 - 18:23

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Le gouvernement devrait réguler le nombre de traversées des handicapés par semaine, au niveau du Beach de Brazzaville, et limiter le tonnage des marchandises

La direction des douanes l’a suggéré au ministère de l’Économie et des Finances durant le séminaire de vulgarisation et d’appropriation des dispositions de la loi de finances 2014 et de la circulaire précisant les modalités d’exécution, de contrôle et de clôture des opérations budgétaires et de trésorerie. Le ministère devrait prendre une note y relative.

Selon la direction générale des douanes et des droits indirects, ces handicapés devraient payer. En effet, ce privilège n’a jamais existé, il est né au sortir de la guerre. Les gens sont rentrés dans des pratiques illégales et le gouvernement l’a toléré durant longtemps et aucun texte écrit ne figure.

Aujourd’hui, il est question de mettre de l’ordre dans l’administration comme dans le pays. D’où la décision de réglementer cette traversée des handicapés, en réduisant le nombre de jours et non de la supprimer totalement. « Ces personnes vivant avec handicap sont un danger pour le pays, étant donné que la traversée n’est pas réglementée et leur fouille n’est pas pointue. Nous reconnaissons que notre pays a des frontières poreuses. En dépit de la traversée illégale de la marchandise, il faut craindre qu’ils traversent soit avec des armes, soit avec de la drogue », a indiqué le directeur du contrôle des services, à la direction générale des douanes, Jean Baptiste Yomo.

« N’oublions pas que de plus en plus, le Congo devient un pays de transit avec l’ouverture des routes, donc il faut réglementer la traversée aussi bien des handicapés que des autres citoyens. On ne peut pas continuer à gérer un pays où les gens ne sont pas contrôlés », a-t-il ajouté.

Ainsi, pour la mise en œuvre de cette décision, la direction des douanes envisage des campagnes de vulgarisation à l’endroit de cette couche de la population. Il leur sera expliqué que ce privilège n’est un acquis dans aucun pays du monde car les traversées sont réglementées. La Douane est confiante qu’au fil du temps, une nouvelle habitude prendra corps dans la tête de ces handicapés. De l’avis du directeur du contrôle des services, trois jours paraissent déjà beaucoup et il faudra aussi constater la baisse des quantités de marchandises qu’ils emportent avec eux.

« Au départ l’idée était de leur autoriser une quantité normale pour leur survie mais aujourd’hui le constat est amer car ce dernier multiplie des allées et venues entre Kinshasa et Brazzaville et ce sont des containers entiers qui sont reconstitués. Cela est un manque à gagner pour l’État », a déploré Jean Baptiste Yomo.

Des innovations en cours

Les douanes sont en train de faire des efforts pour mettre en place des innovations susceptibles de faciliter les opérations en douane, et même le trafic des marchandises, à travers les différents pays limitrophes. Aussi, au niveau du port de Pointe-Noire avec le scanner, les douaniers ne perdent plus beaucoup de temps à regarder le contenu d’un container. Cet appareil fait le contrôle en moins de 10 minutes et contrôle donc pas moins de 50 containers par jour.

On note un autre dispositif, le guichet unique, déjà opérationnel. Dans cet espace se trouvent le Trésor, la Douane et la Banque LCB (La Congolaise des banques). En moins de 30 minutes les procédures de dédouanement se réalisent. Chaque jour le guichet unique encaisse 1 milliard de FCFA.

Au niveau du bureau principal du port, la douane a réussi à supprimer les sous-sections (il y avait trois étapes : le chef de bureau, le chef de section et celui de sous-section qui alourdissait la procédure de dédouanement). Par conséquent, celui qui possède sa déclaration ou l’importateur, après avoir souscrit, se dirige directement vers l’inspecteur, le chef de bureau, pour clôturer par le chef de section. Le circuit a été allégé. « Voilà des innovations qui ont été opérées. Nous avons également réduit les visas sur la déclaration, ce qui fait qu’aujourd’hui, en moins de 24h, on peut terminer les procédures de dédouanement », a déclaré le directeur du contrôle des services.

Dans quelques semaines, la direction des douanes compte s’investir afin que l’importateur effectue ses opérations de dédouanement de jour comme de nuit. Le bureau de douane restera ouvert 24h/24. Dans la même lignée, des sociétés crédibles pourront souscrire des déclarations à leur propre compte, au lieu de passer par le commissionnaire en douane agréé.

Des recommandations pour plus de résultats

Afin de donner du ton à ces actions, les douanes ont suggéré à sa tutelle de sécuriser les imprimés spéciaux de dédouanement et d’interconnecter les bureaux des douanes et magasins et aires de dédouanement (MAD) sur tout le territoire douanier. Elles ont proposé que soit accélérée et étendue l’implantation des scanners dans les autres départements des douanes, notamment à Brazzaville et à Ouesso ; d’assurer le suivi de la gestion des régimes de transit par une communication accrue entre les bureaux d’émission et de destination.

Les douanes ont souligné la nécessité : d’implanter les MAD à Brazzaville, Ouesso et dans les autres départements du pays ; d’assainir la gestion des magasins diplomatiques par l’affectation à demeure des agents de douanes ; d’étendre le passage au scanner à toutes les importations et exportations des sociétés pétrolières, minières et forestières, sans violer les dispositions du commerce international.

L’administration des douanes a sollicité de la part de sa tutelle, de mettre à sa disposition des moyens financiers et matériels nécessaires à une application effective des contrats de performance. Elle lui a suggéré par ailleurs de faire diligence auprès du ministère des Affaires étrangères sur les dossiers consacrés à la création de bureaux de contrôle juxtaposés aux ports de Matadi, Kinshasa, Brazzaville et Pointe-Noire. 

Deux questions à Jean Baptiste Yomo :

Pourquoi la Douane ne communique-t-elle pas ?

La Douane est un service para militaire. En dehors d’elle, il n'y a pas d'autre service qui porte la tenue et des armes. Et, demander à la Douane de communiquer régulièrement n’est pas une bonne stratégie, car nous avons un travail délicat. Nous sommes derrière les trafiquants, les fraudeurs et vice versa, donc on s’expose.

La corruption est souvent liée aux mœurs des douaniers. Que fait la Douane pour effacer cette mauvaise image d’elle ?

Il faut reconnaître que les Congolais entretiennent la rumeur. Nous parlons des choses qu'on ne connaît pas. Nous avons des privilèges qui sont propres à la Douane, qui peuvent faire que facilement, sans voler, on peut gagner de l’argent. Nous avons une caisse commune qui reçoit l’argent du travail extra-légal et chaque fin du mois, on se le partage. Nous avons aussi une ristourne avec l’État : lorsque le douanier rattrape de l’argent émis par un fraudeur, il y a une pénalité, et l’État concède au douanier 5% de cette pénalité. C’est légal. Malheureusement ne le sachant pas, la population nous traite de voleurs, de corrompus. Touefois, il est vrai que dans n’importe quelle structure, il y a des brebis galeuses. Mais on ne peut pas juger toute une structure en fonction de ces brebis galeuses. Par ailleurs, je n’ai jamais entendu évoquer les difficultés de travail des douaniers. Pourtant parmi les différentes frontières, il y en a où leurs conditions de travail ne sont pas forcément bonnes. 

Nancy France Loutoumba

Légendes et crédits photo : 

Jean Baptiste Yomo