Sommet Afrique-UE de Bruxelles : « Le jour où on changera les mécanismes de coopération et les rapports de développement, on créera les conditions du développement en Afrique », estime Denis Sassou N’Guesso

Mercredi 2 Avril 2014 - 13:45

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Interlocuteur central dans les crises africaines, le président congolais Denis Sassou N’Guesso, qui assiste au quatrième sommet Afrique-Union européenne qui se déroule à Bruxelles (Belgique) du 2 au 3 avril, a été l’invité de la chaîne de télévision Euronews, le 1er avril

Denis Sassou N’Guesso s’est exprimé sur les enjeux et les défis du continent africain, la situation en Centrafrique, l’état des relations entre l’Afrique et l’Union européenne, la préservation de l’environnement, notamment du bassin du Congo, la croissance économique, les élections présidentielles en 2016, les relations entre l’Afrique et la Cour pénale internationale (CPI), les biens dits « mal acquis », l’avenir de planète, l’intégration régionale, etc. Il a reconnu les difficultés que connaît le continent africain, notamment en matière de sécurité.

Le président congolais a appelé Européens et Africains à investir en Centrafrique, reconnaissant les difficultés sur le plan sécuritaire, humanitaire, politique et institutionnel. Il s’est félicité à cet égard de la politique commune des pays d’Afrique centrale « qui a pu stopper la catastrophe », grâce à la Misca et à la communauté internationale. « On doit éviter une partition de la Centrafrique. Aujourd’hui, il faut parler d’intégration plutôt que de morcellement de l’Afrique », a-t-il souligné, estimant que, grâce à un soutien logistique, financier et technique de la communauté internationale et au dialogue national, ce scénario pourrait être évité.

Le président congolais est revenu sur les taux de croissance africains, 5% en moyenne, et a rappelé le « bon départ du continent depuis le début du XXIe siècle, ce qui montre qu’il peut connaître des jours meilleurs », profitable à sa jeunesse.

Concernant les relations Afrique-Union européenne, il a plaidé pour « d’autres formes de partenariat, avec de la valeur ajoutée », plus avantageuses pour l’emploi, « dans l’intérêt de l’Afrique et de l’Europe », demandant de « passer de la déclaration d’intention aux actes ». Denis Sassou Nguesso a cité les accords de partenariat économique (APE), considérant que l’Afrique ne peut ouvrir ses marchés sans être en mesure de vendre en Europe.

Concernant la politique intérieure du Congo, il a été demandé au président s’il serait candidat aux prochaines élections présidentielles qui auront lieu en 2016. « Le débat est ouvert. Une telle évolution ne peut se produire sans la volonté du peuple. Ce qui ne doit pas être une volonté de puissance », a-t-il répondu, se déclarant prêt à « suivre l’évolution du débat dans le pays ».

Concernant les biens dits « mal acquis », il a rappelé le respect de la souveraineté des États et de leurs peuples, surpris par « l’outrance et la provocation » de certains groupuscules occidentaux qui manipulent l’opinion publique. Il s’est également montré opposé à la justice inique de la Cour pénale internationale (CPI). Tout en reconnaissant que les pays africains avaient adhéré librement au Traité de Rome, il a fait observer que « des drames se produisent dans le monde et [que] la CPI se tait », et a appelé à l’égalité dans les condamnations tant au Sud qu’au Nord.

Concernant les jeunes Africains qui sont parfois tentés de gagner l’Europe, le président a indiqué : « Le jour où on changera les mécanismes de coopération et les rapports de développement, on créera des conditions de développement, de formation, d’industrialisation en Afrique. Si nous inversons les rapports actuels avec les pays occidentaux, l’Afrique aura les moyens de former sa jeunesse plutôt que de la voir mourir au fond de la Méditerranée devenue un cimetière. C’est un défi que l’Afrique doit relever. »

Sur la question de l’environnement, Denis Sassou Nguesso a déclaré avoir fait de la protection de la biodiversité dans le bassin du Congo un combat personnel. « Nous avons la responsabilité de sa protection. Le Congo est à l’avant-garde de l’initiative de la certification du bois », a-t-il souligné, indiquant que durant les dix prochaines années, un programme de reboisement serait mis en place. Il a fustigé les échecs des différentes rencontres internationales sur l’environnement, devenues « des rencontres de pauvres, où les riches, principaux pollueurs, sont absents ». Il a ajouté que si on ne pouvait pas confirmer que l’avenir de la planète passait par l’Afrique, elle apporterait sans doute « quelque chose [et] jouera un rôle positif sur l’avenir du monde ».

Au sujet de l’intégration régionale, le président Denis Sassou N’Guesso s’est montré favorable aux blocs régionaux qui ont besoin de programmes en matière d’infrastructures. « Si l’on sent que l’on peut les organiser autrement, on le fera », a-t-il indiqué.

En conclusion, Denis Sassou N’Guesso a appelé l’Afrique et l’Europe à établir une véritable relation entre les deux continents les plus proches. Il faut, selon lui, « montrer que, par la volonté politique, nous pouvons aller de l’avant. »

De notre envoyé spécial, Noël Ndong