France : Laurent Fabius milite pour une diplomatie économique renforcée et plus offensive

Jeudi 10 Avril 2014 - 12:22

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Le nouveau gouvernement dirigé par Manuel Valls a rattaché le porte-feuille du commerce extérieur au Quai d’Orsay, que Laurent Fabius dirige. Celui-ci veut faire monter en puissance la diplomatie économique de la France

À l’occasion de la deuxième édition des « Rencontres Quai d’Orsay-entreprises » organisées le 8 avril par le ministère des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie française a réaffirmé l’engagement de la France en faveur de la promotion des intérêts de ses entreprises à l’export. Cette priorité, lancée en 2013, trouve un nouvel élan grâce au rattachement du portefeuille du commerce extérieur au ministère des Affaires étrangères, précédemment sous l’égide de Bercy.

Laurent Fabius compte utiliser cette nouvelle compétence pour faire monter en puissance la diplomatie économique, auparavant scindée entre les deux ministères. « Le fait que nous soyons maintenant réunis dans une même maison devrait aider à avoir une position plus claire », s’est-il félicité lors d’un débat sur les entreprises, la mondialisation et la diplomatie économique.

« On peut avoir une certaine puissance économique sans avoir une diplomatie forte, comme jusqu’il y a peu l’Allemagne. Mais on ne peut pas avoir une politique étrangère solide sans diplomatie économique », a rappelé Laurent Fabius, qui a mis l’accent sur le redressement économique de la France. « Notre compétitivité n’est pas excellente, donc il faut se retrousser les manches et regagner le terrain perdu », a-t-il reconnu.

Les chiffres du commerce extérieur de février 2014, publiés le 8 avril, confirment cette tendance, avec un déficit commercial de 3,4 milliards d’euros contre 5,6 milliards en janvier.

Certains chefs d’entreprise pensent que le rôle de la chancellerie peut, dans certains cas, s’avérer décisif grâce à l'accompagnement des ambassadeurs. L'un d'entre eux note toutefois que la relation bilatérale n’a jamais transformé un mauvais projet en contrat, même si, dans certains domaines — notamment ceux financés par l’investissement public comme le ferroviaire —, « un bon projet peut être perdu sans cette diplomatie ». Laurent Fabius a reconnu que dans des domaines dits de souveraineté nationale, sans l’appui de son État, il était difficile de remporter un contrat.

Reste que la diplomatie économique n’est pas toujours comprise par les interlocuteurs étrangers. « Beaucoup de pays ont du mal à comprendre qu’il puisse y avoir plusieurs projets français. Dans certains domaines, présenter plusieurs projets, c’est n’en présenter aucun », a souligné Laurent Fabius.

Pour la présidente de la société d’investissement Ardian, Dominique Senequier, « la diplomatie économique est essentielle, car les nouveaux acteurs sont très loin de nos bases et de notre culture. Pour faciliter la prise de décision de ces fonds souverains des pays émergents en faveur d’entreprises françaises, ils ont besoin que la diplomatie leur explique [les] pôles d’expertise. »

L’assistance des diplomates peut parfois faire la différence, mais pas toujours à l’avantage de la France qui possède pourtant un des réseaux d’ambassade les plus étoffés du monde. Avec 163 ambassades bilatérales et 16 représentations multilatérales, la France dispose en effet du troisième réseau diplomatique mondial, derrière les États-Unis et la Chine, et du premier réseau européen.

Autre chantier prioritaire, la présence des petites et moyennes entreprises (PME) à l’international. Cent mille PME françaises seulement sont présentes à l’export, contre quatre cent mille pour l’Allemagne et trois cent mille pour l’Italie. Laurent Fabius a souligné cette contre-performance : « C’est plus compliqué avec les petites et moyennes entreprises. Il faut qu’on soit plus présent avec ces entreprises afin qu’elles s’exportent à l’étranger. »

Noël Ndong