Des concerts et des parades vestimentaires en hommage au musicien Rapha Bounzeki

Vendredi 9 Mai 2014 - 17:35

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Plusieurs quartiers de Pointe-Noire organisent ce week-end des concerts, des défilés et des concours de mode pour le sixième anniversaire de la mort du musicien Rapha Bounzeki, l’idole des  jeunes décédé le 10 mai 2008 à Brazzaville des suites d’un arrêt cardiaque

Cela fait six ans que musiciens et mélomanes se retrouvent à Pointe-Noire pour se souvenir de celui qui a été dans les années 1990 la coqueluche des jeunes. La ville océane, qui a accueilli l’artiste durant ses derniers jours de vie sur terre, n’a pas oublié celui qui fut une vedette au lendemain des conflits politiques de Brazzaville.

Dans beaucoup de quartiers de Pointe-Noire, en particulier dans les arrondissements 3, Tié-Tié, et 6, Ngoyo, des concerts et des play-back sont organisés dans les bars, dancings, bistrots et autres endroits de divertissement où les chansons de l’artiste sont accompagnées de parades vestimentaires, pour symboliser l’autre singularité de Rapha : l’habillement. Un goût prononcé pour les beaux habits qui l’a conduit à créer la sapologie, la science qui étudie la Sape (Société des ambianceurs et personnes élégantes).

Six ans après la mort de Rapha Bounzeki, le vide demeure. Rapha Bounzeki n’a toujours pas d’épigones même si plusieurs artistes essaient d’imiter son timbre vocal. Sa voix atypique, ses compositions originales, ses envolées lyriques, son inspiration abondante n’ont jamais trouvé d’émules après sa disparition. Ses paroles moralisatrices et ses conseils teintés de pédagogie sont quasiment restés lettre morte au sein de la jeunesse, qui continue à se délecter de compositions insipides au contenu diffus et creux. Seule, la sapologie, dont il a été l’un des précurseurs, trouve heureusement un écho au sein de la jeunesse.

 Rapha Bounzeki est né le 4 août 1961 à Brazzaville. Après avoir évolué dans différents orchestres amateurs de la ville, c’est dans l’orchestre Véritable Mandolina qu’il va se révéler au grand public en 1989, avec la chanson Christianisé. Un an plus tard, Parisien refoulé est un tube. C’est la consécration pour ce musicien, qui va prendre enfin sa revanche sur la musique qui reconnaît tardivement son immense talent. Les producteurs se bousculent au portillon. Tout le monde veut le produire. Si certains l’ont fait avec brio, d’autres par contre se sont engraissés sur son dos, le laissant indigent. Une précarité qui va le précipiter vers la mort, victime de l’indifférence des pouvoirs publics, incapables de payer ses droits d’auteurs. Après avoir longtemps essuyé peines et galères à Pointe-Noire, Rapha Bounzeki, parti à Brazzaville réclamer ses droits d’auteurs, succombe, victime d’un arrêt cardiaque fatal à 47 ans. Ainsi disparaissaient une voix, un style, un look…

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

L'artiste musicien Rapha Bounzeki (© DR).