Les immortelles chansons d’Afrique : « Napesi yo motema » d’Aïcha Koné

Jeudi 17 Mars 2022 - 18:34

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Aïcha Koné a marqué l’histoire de la musique ivoirienne version féminine. Avec sa magnifique voix et la qualité de ses compositions, elle a parcouru plusieurs nations. En 1982, elle sort « Napesi yo motema », un titre foudroyant.

Arrangé par Jimmy Hyacinthe,  le disque 33 tours, estampillé 793011 dans lequel est issu le morceau « Napesi yo motema » a été produit par la chanteuse elle-même dans un univers musical où la production discographique n’était pas chose aisée. Une attitude que doivent s’approprier des artistes d’aujourd’hui.

« Napesi yo motema » peut se traduire par « Je t’ai donné mon cœur ». Ce titre chanté en lingala fait apparaître la souffrance qu’éprouve la femme lorsqu’elle est délaissée par son mari. « Bolingo na ngai okeyi e, otiki ngai na pasi namotema o, ngai ko nzoto ebeba kala nani akolinga ngai asalisa ngai ? », autrement dit « Mon amour tu es parti, tu m’as laissée avec la souffrance dans le cœur, moi dont le corps est usé depuis longtemps, qui peut m’aimer et me venir en aide ?»

L’introduction de cette chanson est dominée par le saxophone de Jean Buzon et la trompette de Patrick Bourgoin. Pendant ce temps, le synthé de Lulu et la tumba de Paco Solo soutiennent le canevas rythmique de cette mélopée. Plus loin, on écoute le jeu de la guitare sèche formidablement exécutée par Jimmy Hyacinthe qui, en outre, assure la direction artistique de ce long play dans lequel ont collaboré Georges Hapy à la batterie, Cheick Mohamed Chérif au piano, Yvonne et Carole au chœur.

Ce titre est la parfaite illustration de l’influence qu’a exercée la musique congolaise au sein de l’Afrique et dans le monde. Car, à l’écoute de ce morceau, tout auditeur ou auditrice croira que cette œuvre est issue du Congo.  D’abord, parce qu’elle est chantée en lingala, ensuite, le genre musical qui y est exploité est la rumba, et enfin le style de chanter renvoie à celui de l’artiste Abeti Masikini qui figure parmi les femmes ayant porté les couleurs de cette musique dans les grandes salles de spectacle en Europe et aux Etats-Unis et en Asie.  Inscrite depuis le 14 décembre 2021 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco, la rumba est un véritable élément représentatif de l’identité du peuple congolais, elle est présente lors des différentes cérémonies qui animent les deux capitales les plus proches du monde, Brazzaville et Kinshasa.

Impératrice de la chanson ivoirienne, Aicha Koné est née à Abidjan, le 21 mai 1957. Elle débute sa carrière comme chanteuse dans l’orchestre de la Radio télévision ivoirienne sous la coupe de Boncana Maiga. En 1979, elle enregistre son premier titre « Denikeleni » en format 45 tours. A ce jour, son parcours est jalonné de seize albums et sept singles.

 

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

La pochette de l'album

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