Crise alimentaire en Afrique : le FMI définit les trois priorités de l’action publique

Samedi 4 Juin 2022 - 16:50

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Constatant peu de marge de manœuvre pour les dirigeants en vue d’affronter la crise actuelle et préparer l’avenir, les experts du Fonds monétaire international (FMI) distinguent trois priorités pour la région.

Dans sa dernière livraison sur les "Perspectives économiques régionales", le FMI dresse un tableau peu reluisant de la situation en Afrique subsaharienne, liée aux retombées de la crise en Ukraine, l’inflation, et la pandémie  de la covid-19, les nouvelles tensions sur la dette, le ralentissement du développement humain, etc. Dans une démarche prospective, les experts du FMI ont repéré « trois priorités immédiates » de politique économique, dans un environnement plus contraint, où les pays africains n’auront pas de marge de manœuvre pour choisir. Désormais,  ils devront trouver un équilibre entre inflation et croissance. Les volumes de production restant inférieurs aux niveaux enregistrés avant, les banques centrales doivent trouver un compromis « difficile » entre juguler l’inflation et stimuler la croissance. Pour parvenir à une croissance « solide, inclusive et durable », le FMI invite les pouvoirs publics à prendre des mesures visant à diversifier davantage leur économie, à libérer le potentiel du secteur privé et à s’attaquer aux conséquences des changements climatiques.

Pour y parvenir, les banques centrales sont appelées à se tenir prêtes à relever les taux, et se prémunir contre les risques que la hausse des taux d’intérêt fait peser sur la stabilité financière, tout en conservant un cadre d’action crédible fondé sur une forte indépendance et une communication transparente. « Certaines ont déjà commencé à relever leurs taux d’intérêt, et un resserrement plus marqué sera peut-être nécessaire dans de nombreux cas », prévient l’étude. Deuxièmement, les pays africains devront faire face aux retombées de la guerre en Ukraine, au moment où l’espace budgétaire devient « extrêmement restreint ». De nombreux pays à faible revenu sont en situation de surendettement ou proches de celle-ci. Troisième « priorité immédiate », « gérer l’ajustement des taux de change ». 

Pour une meilleure maîtrise des dépenses

Aussi, les pays africains, surtout importateurs de produits de base, doivent « redéfinir en profondeur les priorités de dépenses », en supprimant les subventions inutiles accordées aux entreprises publiques. Dans les pays exportateurs de produits de base, la hausse des cours de ces produits peut permettre d’engranger d’importants gains budgétaires exceptionnels. L’essentiel de ces gains devrait être utilisé pour reconstituer la marge de manœuvre disponible, surtout dans les pays dont les finances publiques sont très vulnérables.  Le FMI le reconnaît qu’« emprunter cette trajectoire complexe sera difficile, si bien que de nombreux pays auront besoin d’une aide internationale », et appelle les pays riches à « aller plus loin » que les engagements pris ces deux dernières années en matière de droits de tirage spéciaux. Dans une optique d’après crise, il faudra que l’Afrique subsaharienne enregistre une croissance « solide, inclusive et durable ». Dans cette optique, les pouvoirs publics devront prendre des mesures résolues afin de diversifier davantage leur économie, de libérer le potentiel du secteur privé et de s’attaquer aux conséquences des changements climatiques.

Vers de nouveaux circuits de financement

Les pays africains sont appelés à moins dépendre des produits de base et tout faire pour réussir le pari de la Zone de libre-échange continentale africaine, ce qui « doperait fortement la croissance et la compétitivité », avec l’aide des pays riches pour affronter les effets du changement climatique. Ils devraient aussi rechercher de nouveaux circuits de financement pour stimuler l’investissement privé, par exemple en accordant des aides transparentes et bien pensées, destinées à financer des projets d’infrastructures en collaboration avec les institutions internationales de financement du développement. De son côté, « la transformation numérique ouvre aussi de grandes perspectives, mais soulève aussi de nouveaux problèmes et risques » ; parmi ceux-ci, la tentation d’adopter des monnaies numériques de banque centrale. Le débat se poursuit sur ce point.

Noël Ndong

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