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La sauvegarde du septième art en Afrique

Lundi 2 Juin 2014 - 0:28

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Le cinéma africain renaît-il de ses cendres ? Tout porte à le croire, car sur le continent de nombreuses actions sont menées en vue de réhabiliter les salles dans un premier temps et, dans un second, d’apporter les technologies appropriées. Espérons que cette lancée à l’image des quelques exemples énoncés ci-dessous se poursuivra.

Dakar débourse 11,5 millions FCFA pour réhabiliter quatre salles de cinéma, suggérant en même temps un partenariat public-privé qu’elle souhaite symboliser par la rencontre entre autorités sénégalaises et Sandeep Marwah, l’homme d’affaires, producteur de cinéma d’origine indienne. La ville de Dakar annonce en outre que d’autres efforts seront fournis afin que ces salles acquièrent des technologies avancées. Ce sursaut des Sénégalais semble suivi, car susceptible de ressusciter le septième art sur le continent.

Les salles Awa (Pikine), Christa (Grand-Yoff), Bada-Ciné (Gueule-Tapée) et Médina (Tilène) ont bénéficié de cette mesure, car, pour le ministre de la Culture et du Patrimoine, « chaque fois que l’on a projeté un film sénégalais, la salle où on l’a montré était remplie ». Il faut également reconnaître un grand mérite au réalisateur Abderrahmane Sissako, dont l’initiative de réhabiliter le cinéma est le leitmotiv de l’association qu’il vient de lancer à Bamako, Des cinémas pour l’Afrique, avec comme illustration le cinéma Soudan qui pourrait retrouver son prestige d’antan et redonner ainsi le plaisir d’aller au cinéma.

À Alger, la salle de cinéma Afrique, une des plus réputées de la wilaya d’Alger, en plein cœur de la capitale, fermée depuis sept ans réouvrira ses portes dans un mois. Ici, les travaux de rénovation exécutés depuis plus d’une année touchent à leur fin, et l’on gage que la salle sera très prochainement opérationnelle ; 23 milliards de centimes ont été nécessaires pour cette rénovation inscrite au budget communal, ainsi qu’une capacité augmentée à 1 500 places.

Les salles Ouarsenis (ex-Français), Alfred-de-Musset et Al-Razi (Caméra), propriétés de la commune depuis 2008 en vertu du programme de récupération des salles de cinéma, connaîtront un réaménagement similaire ainsi que des réseaux d’assainissement fiables. La dernière, qui comprend au rez-de-chaussée un espace pour enfants, servira de projet pilote pour des projections régulières au profit des enfants.

Il faut savoir que l’Algérie comptait à l’indépendance plus de 400 salles obscures en exploitation avant que ce nombre ne tombe à moins d’une vingtaine au début de la décennie écoulée. Aujourd’hui, près de 300 salles de cinéma oscillent entre l’exploitation et la fermeture, 227 relèvent des collectivités locales et des communes, et 26 appartiennent à des privés.

Au Bénin, le ministère de la Culture a engagé la réhabilitation de salles de cinéma à travers la direction du Fonds d’aide à la culture qui a financé les travaux de modernisation. Ainsi la salle Cinéma Concorde, située à Akpakpa à Cotonou, devrait-elle sortir de son état actuel de délabrement. Il faut dire que, selon certaines sources, l’étape de cette salle ne serait que la première d’une série de travaux qui seront bientôt engagés.

Même le Burkina Faso, pays phare du cinéma africain grâce au Fespaco, est confronté au phénomène de fermeture des salles de cinéma. Aussi le projet de rachat, de réhabilitation et de remise en exploitation d’une salle de cinéma à Bobo-Dioulasso est-il considéré comme une providence. Cette seconde ville du pays, avec une population de plus de 600 000 habitants, n’avait plus de salle de cinéma. Le projet vise à remettre en exploitation le cinéma Guimbi, lié à l’histoire de la commune urbaine de Bobo-Dioulasso, situé dans un quartier populaire du centre-ville.

Il faut bien admettre que nombre de villes planétaires servent de vitrines aux cinémas d’Afrique, parmi lesquelles Amiens, Los Angeles, Londres, Montréal, Namur, New York, Venise, Milan, Cannes, etc. Elles se transforment également en lieux de rencontre où l’on évoque les problèmes récurrents du cinéma africain, tels ces réalisateurs du Sud dans leur perpétuelle quête de financement. Mais il faut bien se l’avouer, la sauvegarde du cinéma africain passe inéluctablement par la réhabilitation des salles obscures. Alors, soyons plus solidaires et créatifs pour les réhabiliter !

Ferréol-Constant-Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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