Libye : la hache de guerre sera-t-elle enterrée après l’accord sur les revenus pétroliers ?Mercredi 12 Juillet 2023 - 13:00 Alors qu’un désaccord sur le pétrole risquait de provoquer une nouvelle crise, les deux camps rivaux sont finalement parvenus à mettre en place un mécanisme de répartition des recettes pétrolières, objet de querelles permanentes entre eux dans ce pays divisé, sur fond de menaces des autorités de l’Est de bloquer les exportations d’hydrocarbures. Reste à savoir si avec cette entente, la hache de guerre sera définitivement écartée et qu’il n’y aura plus une autre question susceptible de provoquer une nouvelle crise faute d’un accord politique entre les protagonistes. Réclamée à grand bruit depuis quelque temps par les dirigeants de la Cyrénaïque, la « haute commission de surveillance financière pour résoudre les questions fondamentales de transparence dans les dépenses des fonds publics et la répartition équitable des ressources » vient d’être mise en place. Cette instance de surveillance financière sera chargée « de déterminer les volets des dépenses », selon un décret du Conseil présidentiel (CP), plus haute autorité de l’exécutif. Rien qu’à voir la composition de la haute commission qui sera présidée par le président du CP, Mohamed el-Manfi, on comprend que l’heure est à un véritable équilibre entre les gouvernements opposés. En effet, elle est composée de dix-huit membres représentant le gouvernement Abdelhamid Dbeibah, la National Oil Corporation (compagnie pétrolière nationale), les deux chambres, la Cour des comptes, l’Autorité de contrôle administratif, mais également l’armée du maréchal Khalifa Haftar. Si à l’Est l’on peut déjà crier victoire pour avoir contraint la partie adverse à se soumettre à l’exigence de la répartition équitable des revenus pétroliers, la population, quant à elle, s’interroge sur l’avenir du pays. La question qui revient sur toutes les lèvres est de savoir si la répartition de ces revenus va finalement ouvrir la voie à l’organisation sans obstacles des prochaines élections. Du côté de la Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul), l’on se borne pour l’instant à féliciter la création de la commission de surveillance financière. Elle y voit « un consensus politique » entre institutions et acteurs politiques rivaux, et espère qu’une telle « approche inclusive » pourrait renforcer la « transparence dans la gestion des fonds publics et une répartition équitable des ressources nationales ». Mais qui sait si les partisans d’Abdelhamid Dbeibah et de Khalifa Haftar sont réellement volontaristes pour que se tiennent cette année des élections démocratiques dans leur pays. La marche des troupes de l’Est sur Tripoli évitée de justesse Avant la mise en place du mécanisme de répartition des recettes pétrolières, la tension était montée d’un cran entre dirigeants de l’Est et de l’Ouest. Le gouvernement parallèle installé dans la partie orientale menaçait non seulement de bloquer les exportations d’hydrocarbures, principale ressource du pays, mais aussi de marcher sur Tripoli pour chasser le pouvoir en place. Pourtant, les parties adverses étaient récemment parvenues à une entente sur des dispositions juridiques devant encadrer les prochaines élections malgré le fait que ce cadre comportait des articles controversés. Les dirigeants de la Cyrénaïque en étaient venus à cette décision parce qu’ils accusaient l’exécutif rival basé à Tripoli et reconnu par l’ONU de gaspiller les recettes pétrolières. Une situation devenue très préoccupante puisque les plus importants terminaux pétroliers se trouvent dans l’est, sous le contrôle de l’exécutif parallèle soutenu par Khalifa Haftar, l’homme fort de cette vaste région. Quant aux recettes de l’or noir, elles sont en revanche gérées par la Compagnie nationale de pétrole et la Banque centrale, basées à Tripoli (ouest), où se trouve le gouvernement dirigé par Abdelhamid Dbeibah. La Libye étant le deuxième plus grand producteur de pétrole en Afrique après le Nigéria, notamment avec 1,21 million de barils par jour. Malgré le fait que le pays soit doté des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique, il est plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et secoué par des divisions entre l’est et l’ouest du pays. Deux gouvernements s’y disputent le pouvoir depuis plus d’un an: l’un installé à Tripoli (ouest), dirigé par Abdelhamid Dbeibah, l’autre dans l’Est, soutenu par le très puissant maréchal Khalifa Haftar.
Nestor N'Gampoula Notification:Non |