La Russie et l'Afrique : unir nos efforts pour la paix, le progrès et un avenir prospère

Lundi 24 Juillet 2023 - 8:35

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Le 27-28 juillet, Saint-Pétersbourg accueillera le deuxième Sommet Russie‑Afrique et le Forum économique et humanitaire Russie-Afrique. À la veille de ces événements d’envergure et représentatifs qui réuniront des chefs d'État et de gouvernement, des entrepreneurs, scientifiques et personnalités publiques, je voudrais partager avec les lecteurs des médias majeurs du continent africain ma vision du développement des relations russo‑africaines. Je voudrais aussi jalonner les axes de coopération qui sont prioritaires pour notre travail commun dans les décennies à venir du 21e siècle.

Les relations de partenariat entre notre pays et l'Afrique ont des racines solides et profondes. Elles ont toujours été marquées par la stabilité, la confiance et la bienveillance. Nous avons constamment soutenu les peuples africains dans leur lutte pour la libération du joug colonial. Nous les avons aidés à établir les institutions d'État, à renforcer leur souveraineté et leur capacité de défense. Nous avons beaucoup fait pour jeter les bases durables des économies nationales. Vers le milieu des années 1980 plus de 330 grands sites d'infrastructure et d'industrie ont été construits en Afrique avec la participation de nos spécialistes – centrales électriques, systèmes d'irrigation, entreprises industrielles et agricoles qui fonctionnent avec succès jusqu'à nos jours en apportant toujours une contribution importante au développement économique du continent. Des dizaines de milliers de médecins, spécialistes techniques, ingénieurs, officiers et enseignants africains ont été formés dans notre pays.

Je tiens particulièrement à souligner notre collaboration traditionnellement étroite sur la scène internationale, la protection ferme et cohérente part de l'URSS et ensuite de la Russie des intérêts des pays africains en marge des forums internationaux. Nous avons toujours strictement respecté le principe de " solution africaine aux problèmes africains " et avons été solidaires avec les Africains dans leur lutte pour l'autodétermination, la justice et la défense de leurs droits légitimes. Nous n'avons jamais tenté d'imposer à nos partenaires nos propres idées sur leur organisation interne,  leurs formes et méthodes de gestion, leurs objectifs de développement et leurs voies pour les atteindre. Notre respect de la souveraineté des États africains, de leurs traditions et valeurs, de leur aspiration à être eux-mêmes maitres de leur destin et à développer librement les relations avec leurs partenaires reste entier.

Nous apprécions à sa juste valeur le capital d'amitié et de coopération accumulé de bonne foi, traditions de confiance et de soutien mutuel entre la Russie et les pays d'Afrique. Ce qui nous rapproche, c'est l'aspiration commune à la mise sur pied d'un système de relations basé sur la priorité du droit international, prise en compte des intérêts nationaux, indivisibilité de la sécurité, reconnaissance du rôle central coordinateur de l'Organisation des Nations unies.

Aujourd’hui le partenariat créateur, confiant, orienté vers l'avenir entre la Russie et l'Afrique est particulièrement significatif et important. De puissants centres de force et d'influence économique et politique se forment dans le monde. Ils se manifestent avec une insistance croissante et exigent d'être pris en compte. Nous sommes certains que le nouvel ordre mondial qui se veut multipolaire, dont les contours se dessinent déjà, sera plus juste et plus démocratique. Il n’y a aucun doute que l'Afrique y trouvera toute sa place à côté de l'Asie, du Moyen-Orient et de l'Amérique latine, qu'elle va secouer définitivement l’héritage lourd du colonialisme tout en rejetant ses pratiques modernes.

La Russie accueille avec satisfaction le rôle international croissant de certains États et de l'Afrique dans son ensemble, leur désir de s'affirmer de manière ferme, de prendre en main le règlement des problèmes du continent. Nous soutenons toujours les initiatives constructives de nos partenaires. Nous nous prononçons en faveur de l'octroi d'une place légitime aux pays africains au sein des structures qui définissent le destin du monde, y compris le Conseil de sécurité des Nations unies et le G20, pour une réforme des institutions financières et commerciales globales qui répond à leurs intérêts.

Malheureusement, nous constatons que la situation internationale actuelle est loin d'être stable. De vieux conflits qu’on trouve pratiquement dans chaque région s'aggravent, de nouveaux défis et menaces apparaissent. L'Afrique ressent mieux que les autres parties du monde le fardeau des problèmes globaux. Dans ces conditions difficiles nous espérons mettre en place, ensemble avec nos partenaires africains, un agenda de coopération non‑discriminatoire. Les axes stratégiques de notre coopération ont été établis par les décisions du premier Sommet Russie-Afrique qui a eu lieu à Sotchi à la fin d'octobre 2019. Pour leur réalisation efficace le Forum du partenariat Russie‑Afrique a été constitué. Nous avons mis sur pied avec de nombreux États du continent des commissions intergouvernementales bilatérales pour la coopération commerciale, économique, scientifique et technologique. On verra bientôt l'extension du réseau des ambassades et représentations commerciales russes en Afrique. Nous mettons en place d’une manière active de nouveaux instruments destinés à mieux structurer les liens économiques et les rendre plus dynamiques.

Je note avec satisfaction que le chiffre des échanges de la Russie avec les pays d'Afrique a augmentée en 2022 pour atteindre presque 18 milliards de dollars américains. Mais nous sommes tous parfaitement conscients que les capacités de notre partenariat commercial et économique sont beaucoup plus grandes. Les sociétés russes sont intéressées à intensifier leur travail sur le continent dans le secteur high-tech et l'exploration géologique, dans le secteur énergétique, y compris l'énergie nucléaire, dans l'industrie chimique, l'exploitation minière et l'ingénierie des transports, l'agriculture et la pêche. La transformation que traverse le monde exige des solutions relatives à l'établissement de nouvelles chaînes d'approvisionnement, la formation d'un système monétaire et financier, des mécanismes de règlement fiables et libres d'influences externes indésirables.

Nous sommes conscients de l'importance de l'approvisionnement alimentaire stable pour le développement social et économique et le maintien de la stabilité politique des États africains. Par conséquent, nous avons toujours accordé beaucoup d'attention aux questions relatives aux livraisons du blé, de l'orge, du maïs et d'autres cultures aux pays africains. Et nous l'avons fait aussi bien sur une base contractuelle que gratuitement, à titre d'aide humanitaire, y compris dans le cadre du Programme alimentaire des Nations unies. Ainsi, en 2022 la Russie a exporté en Afrique 11,5 millions de tonnes de céréales et presque 10 millions de tonnes pendant les six premiers mois de l'année en cours. Cela malgré les sanctions imposées sur nos exportations qui en effet entravent sérieusement l'exportation des produits alimentaires russes vers les pays en développement, compliquent la logistique des transports, assurance et transactions bancaires.

Certains d’entre vous ont probablement entendu parler dudit " marché céréalier " dont le but initial était d’assurer la sécurité alimentaire globale, réduire les menaces de la famine et aider les pays les plus pauvres d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. En effet c'est la raison pour laquelle la Russie s'est engagée à contribuer à sa mise en œuvre. Toutefois ce " marché ", présenté publiquement à l'Occident comme une manifestation de leurs préoccupations et un bien pour l'Afrique, a été de fait cyniquement utilisé rien que pour enrichir de grandes sociétés américaines et européennes qui exportaient et revendaient le blé ukrainien.

Jugez-en vous-mêmes : en près d'un an, 32,8 millions de tonnes de marchandises ont été exportées de l'Ukraine dans le cadre du " marché ", dont plus de 70 % ont pris la destination des pays à revenu élevé et à revenu intermédiaire élevé, y compris l'Union Européenne, tandis que les pays comme l'Éthiopie, le Soudan et la Somalie, aussi bien que le Yémen et l'Afghanistan, ont reçu moins de 3 % du volume total, soit moins d'un million de tonnes.

En même temps aucune condition du " marché " portant sur la levée des sanctions empêchant l’accès des exportations russes des céréales et des engrais chimiques aux marchés mondiaux n'a été remplie. En outre, des obstacles sont créés même à notre transfert gratuit des engrais aux pays en besoin, les plus pauvres. De 262 000 tonnes d'engrais bloqués dans les ports européens, nous n'avons réussi à envoyer que deux lots, 20 000 tonnes au Malawi et 34 000 tonnes au Kenya. Le reste est toujours entre les mains malhonnêtes des Européens. Cela malgré le fait qu'il s'agit d'une démarche purement humanitaire qui en principe ne devrait en aucune façon être touchée par les sanctions.

Compte tenu de ce qui précède, le maintien du " marché des céréales " qui n'a pas atteint son objectif humanitaire a perdu son sens. Nous nous sommes opposés à la prorogation ultérieure du " marché ", et à partir du 18 juillet son application a été terminée. Je tiens à vous assurer que notre pays est capable de substituer le blé ukrainien aussi bien à titre commercial qu'à titre gratuit, surtout que, cette année encore, nous nous attendons à une bonne récolte.

Malgré les sanctions, la Russie continuera à œuvrer énergiquement pour organiser la livraison en Afrique des céréales, denrées alimentaires, engrais et autres produits. Nous apprécions à sa juste valeur toute la palette des relations économiques avec l'Afrique et nous allons poursuivre son développement dynamique, aussi bien avec des États qu'avec les communautés régionales d'intégration et, bien sûr, avec l'Union africaine. Nous saluons l'orientation stratégique de cette Organisation vers une intégration économique continue et l'établissement de la zone de libre-échange continentale africaine. Nous sommes prêts à établir des relations pragmatiques et mutuellement avantageuses, y compris dans le cadre de l'Union économique eurasienne. Nous sommes également disposés à intensifier la coopération avec d’autres unions régionales du continent.

Tout en poursuivant les traditions existantes, nous comptons poursuivre l’aide à la formation des cadres nationaux pour les États africains. À présent, près de 35 000 étudiants du continent font leurs études dans notre pays, dont plus de 6 000 dans le cadre du programme d’octroi des bourses. Chaque année nous augmentons le nombre de bourses, favorisons la formation sous contrat et des liens directs entre les universités devenus courants ces derniers temps.

Il est de notre intérêt commun d'ériger la coopération humanitaire, dans le domaine de la culture, du sport, des médias à un niveau nouveau, plus élevé. Je saisis cette occasion pour inviter nos jeunes amis africains à venir en mars 2024 en Russie, à Sotchi, au Festival mondial de la jeunesse. Ce forum international de grande envergure verra la participation de plus de 20 000 représentants venus de plus de 180 pays pour un dialogue ouvert amical informel, libre de barrières idéologiques et politiques, des préjugés raciaux et religieux, réunissant la jeune génération autour des idées d'un monde équilibré et stable, de la prospérité et de la créativité.

Pour conclure, je voudrais souligner une fois de plus que nous attachons une grande importance au prochain deuxième Sommet Russie-Afrique. À l’issue de cet évènement nous allons adopter une Déclaration complexe, une série de déclarations communes, approuver le plan d'action du Forum du partenariat Russie-Afrique à l'horizon 2026. Nous allons signer un paquet important d'accords et de mémorandums au niveau des gouvernements et ministères avec des États et des associations régionales du continent.

J'attends avec impatience mes futures rencontres avec les leaders des pays africains à Saint-Pétersbourg et je suis prêt à un échange de vues fructueux et constructif. Je suis certain que les décisions du Sommet et du Forum, tout comme le travail commun permanent et multiforme, contribueront au développement continu du partenariat stratégique russo-africain pour le bien de nos pays et de nos peuples.

 

 

Ambassade de la Fédération de Russie au Congo
Le président russe, Vladimir Poutine/ DR

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