À cœur ouvert : le miracle de la vie

La vie est un combat, s'entend-on dire souvent. Il faut lutter contre le manque, le dénuement, la solitude, la paresse, l'état primaire grossier et indifférencié dans lequel la vie nous accueille. L'on vient nu, mais il faut songer à s'habiller d'une histoire, de sentiments, de compétences, d'expériences, de façon d'être et d'avoir. En somme, il faut se construire une identité et disposer de ressources pour que cette identité, l'entité que nous sommes dans l'océan des âmes, apporte sa différence, sa valeur ajoutée au concert universel. Seulement, que de maux dans ce voyage terrestre! Parvenir à combler ses besoins triviaux, fondamentaux, constitue déjà une très grande victoire en soi. Mais il persiste dans le coeur de l'Homme un vide qui ne peut être comblé que par l'ultime réalisation du soi. Pour certains la gloire, pour d'autres la richesse, pour d'autres encore la paix, l'harmonie.

Quoi qu'il en soit, atteindre ces objectifs, vivre ce rêve souhaité passe souvent pour une utopie, pour une impossibilité. Que de maux, de besoins, d'exigences, de responsabilités sur la route qu'il est impossible de lever la tête ! Impossible de vivre son rêve. Du moins a priori. La vie présente des failles qui prennent la forme d'épreuves ou de luttes insurmontables, une longue ou pénible maladie, un accident de la voie publique, un séjour en prison, la perte d'une entreprise, d'une maison ou d'un empire. La perte d'un être cher. C'est dans ce genre de configurations que l'âme humaine semble réaliser ce qui compte vraiment. Ce qui est le plus important. C'est au plus bas, dans le noir absolu que l'on réalise l'existence d'une lumière et que l'âme, humiliée, ascensionne vers elle, reconnaissante de l'avoir enfin trouvée. C'est dans ce genre de configurations que se réalise enfin le miracle de la vie, du passage de l'ombre vers la lumière.