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Congo : les politiques jouent à l'émiettement

Lundi 7 Juillet 2014 - 12:02

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Lorsqu’en 2011, à l’occasion de son sixième congrès extraordinaire, le Parti congolais du travail (PCT) réussit l’exploit de ramener à lui, corps et biens, plusieurs formations politiques - il est vrai proches au départ- pour les fondre en son sein, les observateurs y virent la fin prochaine d’une tendance héritée de la conférence nationale souveraine : celle qui consacrait la création de nouveaux partis politiques pour un oui, ou pour un non. Il n’en est rien. Les carriéristes du secteur sont à l’œuvre et poursuivent leur marche en avant en toute tranquillité. Tous les jours que Dieu fait, un nouveau parti voit le jour au Congo, un nouveau leader promet monts et merveilles à ses compatriotes.

Recadrons le propos : le pluralisme politique étant en vigueur au Congo depuis vingt-trois ans, le tour de force opéré par le PCT en 2011 ne concernait tout naturellement que les forces politiques de son bord idéologique, dont pour certaines, la survie dépendait presque étroitement de son attention renouvelée. Que ce soit, en effet, la multitude d’associations qui furent pour la plupart d’entre elles spécialisées dans l’animation au chant et au tam-tam de meetings populaires ; que ce soit les partis emportés, il y a bientôt trois ans, par l’élan de rassemblement rappelé plus haut, tous lorgnaient de temps en temps le plus vieux d’entre eux, et se repositionnaient par rapport à son attitude à l'égard d’eux. Mais, cette idée de se mettre ensemble était en soi une petite merveille si l’on considère les intérêts souvent divergents des acteurs politiques.

Du côté de l’opposition, même s’il n’a pas été observé un large sabordement des partis au profit d’un seul, la tendance au regroupement fut relayée par la constitution d’ensembles plus ou moins structurés. C’est au nom de ces ensembles, très souvent, que leurs dirigeants prennent la parole pour se prononcer sur les questions d’intérêt national. Il faut néanmoins rappeler qu’à l’opposition comme à la majorité, les points de jonction sont parfois très fragiles. C’est pour cela, peut-être, que l’on continue d’enregistrer la naissance des nouvelles formations politiques, ceux qui les créent ne semblent pas cependant scruter la part de distraction que les cérémonies officielles de déclaration de ces partis exercent sur les populations.

Après plus de deux décennies de pluralisme politique, on était en droit de se dire que le moment venu, les dirigeants politiques clarifieraient leur vision de l’avenir du pays autour, non pas de deux ou de trois partis, mais de deux ou trois grands ensembles de partis sur lesquels serait portée l’attention du peuple-électeur dans différents scrutins. Pourquoi trois grands ensembles de partis et non pas trois grands partis ? Parce que, à la pratique, les faits prouvent  que chacun de ceux qui ont créé un parti souhaite en conserver les attributs pour soi, tant qu’il vit. Le choix de grands ensembles qui fédéreraient plusieurs partis unis par un programme cohérent serait donc plus adapté à la donne congolaise.

Au lieu de cela, les politiques congolais prônent l’émiettement comme meilleure feuille de route. Comme s’ils voulaient dérouter les quelque quatre millions d’habitants dont seulement une petite moitié est concernée par les scrutins, ces politiques multiplient emblèmes et sigles de leurs partis en création qu’ils positionnent tantôt à la majorité présidentielle, tantôt dans l’opposition, donc à peu-près sur de l’existant. Si et seulement si Dieu pouvait les aider à comprendre que par cette façon d’agir ils feront du surplace encore pour longtemps ; s’il pouvait aider le peuple-électeur à être plus regardant dans ses choix !

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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