Épidémie Ebola : bientôt la sortie du tunnelMardi 20 Janvier 2015 - 16:23 Le fondateur de l’organisation italienne Emergency est résolument optimiste : en Sierra Leone, Ebola est sur le point d’être vaincu. Les mots de Gino Strada sont ceux d’un soldat sur le champ de guerre presqu’après bataille : « Cette fois, nous y sommes sans doute. Nous sommes sans doute sur le point de faire reculer l’épidémie d’Ebola ». Fondateur de l’ONG Emergency, qui a déployé un nombre impressionnant de volontaires italiens dans les trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés par la maladie, le médecin loue cependant les efforts de son ONG qui est sur le terrain depuis le grand pic de cette épidémie, il y a 14 mois. Avec des résultats désormais vérifiables. Ce qui fait dire à Gino Strada, à peine revenu de Sierra Leone : « Espérons qu’il n’y ait pas de nouveaux foyers. Si tel est le cas, nous pourrons peut-être bientôt dire que l’épidémie d’Ebola est finie en Sierra Leone. Mais quels efforts, combien de miracles a-t-il fallu pour cela ! ». L’humanitaire note avec satisfaction que le nombre de nouveaux cas de contaminations est en train de baisser. Et comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a souligné la semaine dernière, la tendance à la décrue est vérifiable aussi en Guinée et au Libéria, alors que le Mali vient de sortir de la phase de surveillance. Tout comme avant lui le Nigeria (qui a quand même enregistré 20 morts) et le Sénégal. « Quand le ministère de la Santé (sierra léonais) nous a demandé en août dernier d’ouvrir un centre d’isolation à Lakka, c’est en trois semaines seulement que nos logisticiens ont bâti une structure de tentes pour un total de 22 lits. Bien vite elle s’est transformée en centre de traitement. Trop de patients amassés hors du portail, prostrés par la maladie et attendant qu’un poste-lit se libère », a raconté un médecin qui se souvient du long chemin parcouru. Le résultat aujourd’hui est qu’aucun médecin ou volontaire italien n’est décédé de cette maladie après contamination sur le terrain. Et que le seul patient contaminé en Sierra Leone et rapatrié dans un établissement spécialisé en Italie en est reparti guéri. « Le parcours pour nous mettre en condition et commencer à soigner les malades, et ne pas seulement les isoler et les examiner, a commencé à Lakka. Dans les pays riches, deux malades sur trois finissaient pas guérir ; deux sur trois mouraient en Afrique, faute de soins », note Strada. Mais aujourd’hui, ajoute-t-il, « les choses ont changé. Dans notre nouveau centre de Goderich d’une capacité de 100 lits, nous pouvons fournir en Sierra Leone des soins d’égal niveau à ceux qu’on reçoit en Occident pour cette maladie », affirme le Dr Strada. Les volontaires italiens s’enorgueillissent du fait que ce centre ne servira peut-être pas pour longtemps vu que la maladie est en recul. Mais il s'en servira toujours pour les prochaines fois, et pour soigner entretemps ceux qui tomberont malades. Aussi, les humanitaires italiens se disent « fiers d’avoir rendu visible le fait qu’un malade est une personne qui n’a pas de couleur de peau, mais qui a les mêmes aspirations que nous-mêmes, libres et égaux», en Sierra Leone. Lucien Mpama |