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Le vrai visage des ouvriers dans une entrepriseLundi 20 Janvier 2014 - 0:20 Pour nous, le terme ouvrier n’est pas radicalement opposé au terme employé de bureau, mais il désigne tout de même dans une entreprise ou dans une entité administrative celui qui exerce un travail beaucoup plus manuel que conceptuel. Contrairement à ce que pensent certains agents dans les entreprises, les ouvriers ne sont pas un maillon inutile de la chaîne entrepreneuriale. Ils sont des hommes qui constituent un anneau important du processus de production sociale dans une entreprise. Un seul exemple suffit pour justifier son importance : un ouvrier électricien peut arriver à bloquer durant toute une journée le circuit normal du courant électrique en inversant à sa guise les fils conducteurs, et c’est l’entreprise qui reste dans le noir. C’est donc se tromper que de sous-estimer la place qu’occupe l’ouvrier dans une entreprise. Tentons de voir les rapports de l’ouvrier avec sa hiérarchie, c’est-à-dire de façon verticale, et avec les autres ouvriers, c’est-à-dire de façon horizontale. L’ouvrier n’y va pas avec le dos de la cuiller pour s’adresser à un chef dans une entreprise. Il peut arrêter le chef là où il le veut et n’importe quand, même à sa descente de voiture. Il parle crûment à sa hiérarchie. Rares sont les ouvriers qui passent par la secrétaire pour s’adresser au chef. C’est pourquoi les assistantes ou les secrétaires ont souvent peur de cette catégorie de travailleurs. Les ouvriers le plus souvent brisent la trajectoire administrative en posant leurs problèmes directement au chef, et une grande partie de leurs préoccupations est prise en compte par le chef lui-même. De ce fait, ils constituent sans équivoque l’un des maillons forts de la chaîne. Oui, ils ne prennent pas part aux différents conseils d’administration, mais ils réussissent à faire glisser leur point de vue sur certains dossiers traités lors desdits conseils par des tierces personnes. L’ouvrier n’est pas à la conception, mais peut souffler une bonne idée à ceux qui conçoivent. L’ouvrier ne fait pas partie des acteurs financiers de l’entreprise, mais peut bouder sainement la sortie abusive d’argent et conseiller sagement un financier. L’ouvrier n’est pas un ingénieur-technicien, mais peut proposer un dispositif louable à un ingénieur. L’ouvrier n’est pas un cadre en informatique, mais peut avoir son mot à dire en cas de difficultés informatiques. L’ouvrier n’est qu’un exécutant, mais peut orienter socialement et positivement un chef dans la prise de décisions qui pourront être salutaires à toute l’entreprise et arrêter par conséquent une révolte. Oui, les ouvriers se considèrent dans de nombreuses structures entrepreneuriales comme les hommes de tout le monde. Ils peuvent facilement arriver chez le chef et aller dans tous les bureaux. Ils se trouvent souvent entre eux pour passer au peigne fin leurs problèmes, ils se jalousent, ils ont des humeurs difficiles à caractériser, ils sont changeants, parfois revendicateurs même s’ils ont la possibilité de voir facilement le chef ou la chance de voir leurs préoccupations prises en ligne de compte. Ils lisent facilement les mines des chefs. Ils sont souriants avec les chefs qui le sont et front fermé avec ceux qui sont peu amusants. Le côté dangereux est que comme ils ont l’accès facile aux bureaux des chefs et le contact non programmé avec les chefs, ils peuvent facilement chuchoter à l’oreille du chef pour lui dire certaines « vraies fausses choses » dans le but de le flatter. Ils adorent des fêtes, mais sont hostiles aux réunions. Lorsqu’une réunion dans une société ou une entreprise est programmée avec les ouvriers, bon nombre d’entre eux évitent de se présenter, tandis que lorsqu’il s’agit d’une fête ils sont présents même s’ils sont en congé. Il est souhaitable d’accepter que dans toute chaîne de l’organisation sociale tous les maillons aient des fonctions importantes, car une société, une entreprise ou une administration sans ouvriers ressemble à un repas qui manque de certains mets. Ils ont donc un rôle bien précis à jouer dans une entreprise pour la bonne marche de celle-ci. Évitons donc de les considérer comme des gens ne faisant pas partie de l’ensemble. Faustin Akono Edition:Édition Quotidienne (DB) |