Santé publique : la fistule obstétricale déshonore les femmes

Mercredi 30 Mai 2018 - 17:19

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La désolation que rencontrent les porteuses de la maladie a été évoquée le 29 mai, à Brazzaville, lors de la 4e édition du Centre inter-Etats d’enseignement supérieur en santé publique d’Afrique centrale (Ciespac), dénommée "les jeudis du Ciespac", par le directeur de cet établissement, le Pr Pierre Marie Tébeu.

La fistule obstétricale survient quand l’accouchement a été mal pratiqué, a expliqué le Pr Pierre Marie Tébeu. Il s’agit d’une perforation entre le vagin et la vessie ou le rectum, due à un arrêt prolongé du travail en l’absence de soins obstétricaux. Elle provoque une fuite d’urine et/ou de matières fécales par le vagin et entraîne, à plus long terme, des problèmes médicaux chroniques. Plus de cinquante mille à cent mille nouveaux cas de cette pathologie sont détectés chaque année dans le monde, a-t-il indiqué.

Au congo, a poursuivi Pierre Marie Tébeu, les estimations sont à peu près de cent nouveaux cas disséminés dans la population. Les femmes qui en souffrent sont souvent condamnées à la dépression, à l’isolement social et parfois rejetées par leurs conjoints. Il est pourtant possible de prévenir la fistule. Selon le Pr Pierre Marie Tébeu, il existe trois niveaux de prise en charge : la prévention,  l’accouchement en milieu hospitalier et l’utilisation du personnel qualifié pendant l’accouchement.

Une autre communication a porté notamment sur le thème « La fistule obstétricale, surveillance du travail d’accouchement : le rôle de la sage-femme », donnée par la sage-femme Félicité Sylvie Sadi, de l’hôpital de Talangaï.

L’oratrice a déploré le comportement de ses collègues vis-à vis des femmes en train d'accoucher dans les centres de santé. Selon elle, plus de huit cent trente parturientes meurent des complications. « L’hôpital de Talangaï enregistre sept cent trente-deux accouchements par mois. En cela, les blocs d’accouchement doivent être équipés de monitoring pour faciliter la tâche aux sages-femmes dont l’objectif est de surveiller les femmes afin de réduire la morbi-mortalité maternelle et néonatale dans les centres de santé », a déclaré Félicité Sylvie Sadi.

Outre cette communication, les participants ont été édifiés sur la charte de l’accouchement, qui exige une bonne prise en charge des parturientes par le personnel de santé. Elle n’est pas encore vulgarisée ni appliquée par ce personnel.

Les contributions des médecins ont porté sur la prise du thé après la césarienne, l’application de la charte de l’accouchement chez tous les patients et bien d'autres.  

Notons que cette désolation a été montrée lors de la célébration de la journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale et celle de la sage-femme organisées au Ciespac en vue de rendre visible cet établissement.

Le focus a été ouvert par le directeur de cabinet de la ministre de la Santé et de la population, Florent Balandamio, en présence de la représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Congo, Fatoumata Binta Tidiane Diallo, et de l'administrateur maire de Djiri, Ida Victorine Ngampolo.     

La représentante de l’OMS a rappelé les initiatives prises par son organisme en faveur de l’Afrique. Parmi celles-ci figurent le lancement pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique, les objectifs de développement durable pour la lutte contre la pauvreté et les inégalités du genre. Fatoumata Binta Tidiane Diallo a assuré le centre et les sages-femmes de l’appui de son institution.

 Florent Balandamio a, pour sa part, indiqué que le projet de prise en charge des femmes souffrant de fistules a permis de former neuf chirurgiens, huit urologues, cent vingt relais communautaires. A cet effet, cent quatre femmes porteuses de fistules ont été opérées et deux cent vingt-sept sont encore dans la liste d’attente, ajoutant que sur le plan socio-économique, quatre-vingt-dix femmes ont été réinsérées dans la vie sociale. 

 

 

  

 

Lydie Gisèle Oko

Légendes et crédits photo : 

Une vue des participants au focus sur les fistules (Adiac)

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