Hommage : Papa Wemba, maître du featuring

Samedi 30 Avril 2016 - 15:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Homme solidaire et bon team player durant sa longue carrière, Papa Wemba a collaboré avec les artistes de tout acabit et de tout calibre, tant sur le plan local qu’international.

Le featuring demeure un des points forts de l’artiste Papa Wemba qui en fait presque son dada. Roi de la rumba congolaise, il est aussi à l’origine de plusieurs variantes qu’aura connues ce style musical grâce à ses nombreuses collaborations avec ses collègues, toute génération confondue. Toujours sollicité, il affichait une disponibilité qui n’avait d’égal que sa passion pour la musique avec, à la clé, une quête effrénée du bon son. Déjà avec Wendo Kalosoy, un des précurseurs de cette rumba, il eut à tenter une collaboration musicale qui accoucha, entre autres, de la chanson « Efeka Mandundu » où les deux leaders, représentant deux générations différentes, ont offert aux mélomanes ce qui paraît être un tube d’école.

S’il n’a pas eu la chance de chanter avec Kabasele Tshamala, dit Grand Kallé, cette icône de la musique congolaise, Papa Wemba s’est tout de même consolé en réalisant un duo parfait avec Tabu Ley, le continuateur du style Fiesta dont il fut un des fervents admirateurs. C’est à ce titre d’ailleurs qu’il ira aiguiller son talent dans l’Afriza International en prestant aux côtés de celui qu’il tenait pour une idole. Cette collaboration musicale accoucha notamment de « Lèvres roses », une très belle mélodie qui contraste nettement avec les sonorités ambiantes et endiablées de Viva-la-Musica.  

Les featurings auront, pour ainsi dire, jalonné le parcours musical de l’artiste qui ne s’en lassait pas. Son dernier opus, « Maître d’école » dans lequel il a fait intervenir une brochette d’artistes tels que Jossart Nyoka Longo, Barbara Kanam et JB Mpiana reflète un peu son esprit d’ouverture dans un environnement musical où la tendance est plutôt au repli sur soi. Papa Wemba est de ceux qui ont impulsé cette dynamique musicale, porteuse de richesse et de progrès pour la musique africaine. C’est toujours dans cet esprit qu’il s’associa à ses anciens pairs de Zaïko (Évoloko, Gina Efonge, Manuaku et autres) pour créer le « Quatro », un groupe informel dont l’ambition était de perpétuer l’esprit du groupe.

Avec Koffi Olomide, c’est fut une autre histoire avec « Wake up », un des meilleurs featurings de la musique congolaise moderne. Les deux stars y ont mis tout leur cœur. La suite se déclina en termes de dispute sur les dividendes générés, prélude à un conflit qui dissimulait, en arrière-fond, une guerre larvée de leadership. Du haut de son immense talent, Papa Wemba savait aussi descendre plus bas jusqu’à composer ou à prêter sa voix aux albums des jeunes chanteurs en vogue. Dans l’album « Notre père », il fut intervenir Nathalie Makoma dans la chanson-phare « Six millions de soucis ».

Artiste d’exception, il a aussi puisé dans la sève musicale africaine et internationale des talents qu’il a su exploiter à travers des collaborations dignes d’éloges. On peut citer, l’ivoirien Nash, Ofelie Winter, Youssou N’dour, Jocelyne Beroard, Passi, Singuila, Awa Maiga, Asta Paola, Aretha Franklin, Angélique Kidjo, Salif Keïta, Manu Dibango et tant d’autres. Avec Lokwa Kanza, architecte attitré de l‘album « Emotion » qui lui valut un disque d’or, Jules Shungu avait arpenté là le chemin sinueux et laborieux de la World music sous le parrainage du britannique Peter Gabriel. Un des héritages artistiques que lègue l’artiste à la postérité, c’est justement cette ouverture d’esprit, ou mieux, cette appétence à aller de manière discontinue au contact d’autres artistes développant un autre feeling pour le bien de la musique.

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Papa Wemba

Notification: 

Non