Immigration : les femmes nigérianes dans les mains des trafiquants

Samedi 17 Octobre 2015 - 14:40

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L’Italie est dans la mire des trafiquants d’êtres humains qui y convoient de plus en plus de femmes « enlevées » en Afrique de l’Ouest. 

Les chiffres publiés vendredi à Rome par l’Organisation internationale des migrations et provenant du ministère italien de l’Intérieur sont effrayants : 4.371 Nigérianes sont arrivées par la mer en Italie depuis le début de l'année. Elles n’étaient « que », si l’on peut dire,1.008 pendant la même période de l'année dernière. Cela traduit une activité qui a quadruplé chez les trafiquants, pas forcément une aggravation des raisons de fuite.

Même si elles racontent presque toutes fuir les exactions de Boko Haram dans leur pays, ces femmes sont en fait destinées à la prostitution sur les trottoirs d’Italie et d’Europe. « Nombre d'entre elles nous racontent des histoires qui nous font comprendre que nous sommes en présence de victimes de la traite. Nous sommes particulièrement préoccupés par l'augmentation du nombre de filles mineures qui disent souvent être majeures car elles y sont obligées par les trafiquants », explique  Federico Soda, en charge du département Méditerranée à l’OIM.

Les trafiquants s’échelonnent le long de ce qui est « la route des esclaves », à travers le Nigéria, le désert du Niger et l’arrivée en Libye pour l’embarquement vers le petit port sicilien de Lampedusa. Ils sont aussi bien nigérians que libyens. « Nous estimons que 80% des filles nigérianes sont victimes de la traite. Nombre d'entre elles viennent de la région d'Edo », au sud du Nigéria « où elles sont soumises à des cérémonies vaudou, à des rites qui les soumettent à un chantage psychologique, convaincues qu'une tentative de fuite ou de rébellion vis-à-vis de leurs trafiquants pourrait porter atteinte à leurs familles » au pays, affirme M. Soda.

L'OIM préconise pour cette raison, un renforcement en Italie des capacités d'accueil des victimes de la traite et l'approbation urgente d'un Plan national anti-traite. Mais les élus sont de plus en plus réticents à légiférer en cette période de flux migratoires prégnants. Ils rechignent à devoir faire faire le tri entre migrants économiques, victimes de traites et personnes fuyant les guerres ou les violences en Afrique et dans le monde.

Lucien Mpama

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