Inde-Afrique: de Brazza, à Delhi et Marrakech, pas de fausse note pour la partition africaine

Lundi 2 Novembre 2015 - 16:36

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Le 3ème Sommet du Forum Inde-Afrique organisé à New Delhi cette semaine a tenu toutes ses promesses. Malgré l’absence du président Denis Sassou N'Guesso, porte-parole du continent pour le Développement durable, la voix de l’Afrique a été stridente et a porté loin son message qui veut que le continent soit « à la proue d’un monde où la Nature et l’Homme  sont enfin réconciliés ; un monde ancré dans le développement qui ne pourra être qu’équitable et durable ».

Les préoccupations africaines, dont le chef d’Etat du Congo a toujours été le champion, ont été, en effet, relayées avec force par les leaders qui ont participé au Sommet, notamment par le Roi Mohammed VI du Maroc. Dans un discours historique qui a constitué le point d’orgue de l’évènement intercontinental, le souverain a dressé un bilan sans complaisance de la situation de l’Afrique et des contraintes qui l’empêchent encore de réussir son vrai décollage économique et social et voir ses pays accéder au statut de pays émergents sans plus compter sur les formes traditionnelles de coopération qui ont montré leurs limites et ne peuvent aucunement répondre aux besoins croissants des peuples africains.

En effet, la coopération sud-sud que l’Afrique appelle de ses vœux n’est pas un simple slogan ou un luxe politique superfétatoire, mais plutôt une nécessité impérieuse, imposée par l’acuité et l’ampleur des défis qui se posent aux pays Africains.

L’Afrique a adhéré à un ensemble de Forums de coopération bilatérale et continentale, qui restent, somme toute, bénéfiques en dépit des situations d’interférence et d’asymétrie que l’on peut porter au passif de certains d’entre eux, et qui entraînent souvent un faible niveau d’efficacité et d’engagement, a rappelé le chef d’Etat précisant qu’aujourd’hui, l’Afrique mérite des partenariats de coopération équitables, plus qu’elle n’a besoin de relations déséquilibrées assorties d’un soutien conditionnel. 

Le continent a moins besoin d’assistance que de partenariats mutuellement bénéfiques et de projets dédiés au développement humain et social. L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique et les pays du Sud doivent témoigner leur confiance aux pays du Sud et investir leurs richesses et leurs potentialités pour servir le progrès partagé de leurs peuples, en vue de rattraper les pays émergents. Un partenariat fructueux avec l’Inde, une complémentarité des ressources et des potentialités et une coopération accrue au service des peuples africains est déjà un grand pas sur cette voie.

Le message Africain de New Delhi est des plus clairs : la sécurité et la stabilité sont les piliers du développement. Sans elles, les pays africains ne pourront pas améliorer leur situation sociale et mener à bonne fin leurs initiatives de développement. Soit on poursuit la coopération et la solidarité entre nos pays, soit on manque, une fois de plus, le rendez-vous avec l’Histoire au risque de précipiter les peuples du continent dans l’inconnu.

La voix du continent, berceau de l’humanité, et qui porte les ambitions et les espoirs de l’Afrique en matière de développement durable et de protection de l’environnement continuera à se faire entendre à Paris qui abrite, du 30 novembre au 11 décembre, la 21ème Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21).

Le Congo, le président Sassou N'Guesso en tête,  sera à pied d’œuvre au Bourget, aux côtés de ses pairs pour défendre les droits et les intérêts de l’Afrique ainsi que le bilan du continent en matière de lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement. Les progrès réalisés par Brazzaville, son action et ses ambitions ainsi que les mesures prises par les pays africains au fil des ans bien qu’ils soient plus victimes qu’auteurs des changements climatiques qui menacent la planète et la survie même de l’humanité seront déclinés.

Le président, fer de lance de l’action africaine qui a lancé d’innombrables initiatives, a souligné dans ses ouvrages que le continent africain  qui n’émet que 4% du total des rejets de gaz carbonique voit ses habitants subir, de manière disproportionnée, les conséquences des changements climatiques. Il a régulièrement appelé à la stabilisation des concentrations en gaz à effet de serre qui perturbent le climat à l’échelle planétaire et exhorté tous les pays à honorer leurs responsabilités à hauteur de l’importance des émissions de gaz qu’ils produisent.

Dans son ouvrage « L’Afrique : Enjeu de la planète », dans lequel il avait décliné sa vision et celle de l’Afrique de demain, il a insisté sur la nécessité d’agir au niveau du développement humain, notamment en matière éducation pour veiller à ce que l’école puisse former de nouvelles générations de citoyens sensibles à la fragilité de nos écosystèmes et soucieuses d’éviter les modèles de production et de consommation qui ont miné notre planète.

En lançant le projet-phare de « Terre d’Ecole », à Kintélé, projet appelé à faire école  au Congo et dans d’autres pays pour créer un vrai réseau continental, il avait appelé chaque école d’Afrique à intégrer dans la dispense de ses savoirs la conscience de l’importance des règles du développement durable en harmonie avec l’environnement.

« Terre d’Ecole », salué de façon unanime au sommet de Rio de 2012, sera à l’honneur au Bourget pour la COP21,  avec son stand et les activités de son programme, en tant que contribution supplémentaire du savoir-faire et de l’innovation africains.

La partition que le président avait appelé l’Afrique à jouer afin de faire entendre sa voix, et qui a été jouée sans contretemps à Delhi cette semaine, va aller crescendo et sera reprise dans un mois à Paris avant de s’élever plus fort à Marrakech, au Maroc qui abritera la COP22 du 7 au 18 novembre 2016. Et si le Groupe d’experts international sur l’évolution du climat « GIEC » a trouvé dans son évaluation détaillée que l’Afrique sera, d’ici 2050, le continent le plus concerné par le changement climatique, la COP22 sera indéniablement africaine et les pays africains auront, d’ici là, accordé leurs instruments pour faire en sorte que la terre qui a vu l’apparition des premiers hommes ne soit pas le théâtre du début de la fin de l’humanité.

Maria Maylin

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