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Le Maghreb entre violences et espérancesSamedi 13 Septembre 2014 - 12:00 Selon que l’on parle du petit Maghreb, en songeant aux trois pays d’Afrique du Nord-Ouest, que sont le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, ou du grand Maghreb, allusion faite à cette zone géopolitique et culturelle plus vaste, comprenant les trois premiers pays, mais aussi la Libye, la Mauritanie, le territoire litigieux du Sahara occidental et aussi l’Égypte, l’actualité des quatre dernières années s’appelle le printemps arabe. Comment l’Afrique du Nord se relève-t-elle peu à peu des effets de cette tourmente sociopolitique grave ? Épargnée par le vent de la pérestroïka venu d’Europe de l’Est dans le début des années 1990, l’Afrique du Nord a eu sa part de décomposition-recomposition, avec les bouleversements intervenus à la fin de l’année 2010 communément appelés, le printemps arabe. Ici, comme il y a près d’un quart de siècle pour l’autre moitié de l’Afrique et la pérestroïka, tous les pays n’ont pas vécu ces événements de la même manière. Preuve qu’en tout état de cause, chaque pays, en fonction de son histoire, chaque peuple, en fonction du pied sur lequel il se lève, se déterminent en tenant compte des circonstances du moment. Prenons le cas des sept pays du « grand » Maghreb : la Mauritanie avait été elle aussi touchée par le renouveau dont il fut question. Des manifestations de rue, les unes plus fortes que les autres, donnèrent lieu à des échauffourées avec les forces de l’ordre, avant que le pouvoir n’y mette un bémol en faisant des concessions sur plusieurs fronts. Même chose pour le Maroc où le roi Mohamed VI devança la fronde réelle de ses sujets, devenus compatriotes, en édictant des mesures qui permirent de mieux contrôler la situation. Saignée par une décennie de violences inouïes (1991-2001), l’Algérie n’a pas non plus cédé aux sirènes de cette « renaissance » née chez son voisin tunisien, réussissant littéralement à endiguer les mouvements de masse. Ne parlons pas du Sahara occidental du fait qu’il n’y a pas d’État viable pour le moment. Il reste les cas de la Tunisie, de l’Égypte et de la Libye. Point de départ de la révolte des peuples d’Afrique du Nord contre l’ordre établi, la Tunisie est en passe de sortir de l’incertitude dans laquelle elle était plongée depuis le déclenchement de la révolution de Jasmin, suite à l’immolation par le feu, le 17 décembre 2010, d’un jeune marchand de fruits et légumes. Elle vient en effet de se doter d’une nouvelle constitution, son espace politique est pris d’assaut par de nombreux partis. Même si le pays est de temps en temps secoué par des violences (des attentas attribués aux islamistes sont perpétrés contre les forces de l’ordre), l’on s’achemine vers un processus où le recours aux urnes pour départager les acteurs politiques serait l’unique voie pour la nouvelle Tunisie. Prise elle aussi dans une véritable trappe, l’Égypte a connu une tournure là aussi complexe. L’arrivée au pouvoir des islamistes par les urnes, pendant que le raïs démissionnaire, malade, Hosni Moubarak, soldait ses comptes avec la justice, a été suivie de manifestations de rue ingérables. Ce qui avait dû donner des idées à un troisième larron, l’armée en l’occurrence, qui a déposé le président élu, Mohamed Morsi. Une année de transition émaillée de violences a permis au candidat de la grande muette, le maréchal Abdel Fatah al Sissi, de remporter la présidentielle le 8 juin dernier. Depuis, malgré des problèmes économiques importants, le pays des Pharaons reprend sa place d’antan au sein du monde arabe et de la sous-région. Israël et la Palestine sont passés par le Caire pour obtenir un énième cessez-le-feu de l’histoire de leur longue guerre d’usure. La posture rassembleuse de l’Égypte est de ce point de vue proche de celle de l’Algérie qui, forte de son expérience dans la lutte contre les mouvements armés, réunit depuis plusieurs semaines les frères ennemis maliens qu’elle tente d’aider à regarder l’avenir de leur pays. À son tour, le Maroc a entrepris de battre ses cartes économiques et commerciales dans plusieurs régions d’Afrique. On ne devrait pas se gêner de dire que quatre ans après le déclenchement du printemps arabe, tel un sphinx, le grand Maghreb renaît de ses cendres. La fausse note vient de la Libye, qui a pourtant des atouts pour imiter ses voisins et se mettre dans la dynamique de renaissance en cours en Afrique du Nord. Son heure n’est peut-être pas encore arrivée. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) |