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Le réveil des sociaux-démocrates du Congo-Brazzaville ?

Lundi 3 Mars 2014 - 0:23

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Les initiateurs de l’alliance dévoilée à Brazzaville le 22 février ont évoqué « un événement historique ». Et pour cause ! C’était la toute première fois, renchérissaient-ils, plus de deux décennies après l’avènement de la démocratie pluraliste en 1991, que des formations politiques congolaises scellaient enfin un partenariat sous-tendu par une même vision doctrinale. En l’occurrence, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), la Convergence citoyenne (CC), Lumière pour le Congo-Parti du peuple (LPC), le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), désormais regroupés au sein de l’Alliance des sociaux-démocrates du Congo, mangeront du même pain de la social-démocratie.

Si l’on devait remonter le temps de quelques années, à quelques exceptions près, les leaders des quatre partis ont par le passé cuisiné ensemble. Du temps où il émargeait au Rassemblement pour la démocratie et le développement de Jacques-Joachim Yhombi-Opango, l’un des signataires de l’accord du 22 février, Jean Ngoaubi-Akondjo (LPC), pour ne pas le citer, avait exercé comme administrateur-maire de l’arrondissement 3 Poto-Poto sous le président Pascal Lissouba. À la tête de l’Alliance nationale pour la démocratie (AND), Joseph Miokono-Hondjuila (RFD) fut l’une des voix fortes du même régime aux côtés de l’Upads.

À ce moment ancien qui n’est pas bien lointain, les observateurs se demandaient d’ailleurs pourquoi l’Upads et l’AND n’avaient pas fait corps avec l’ex-parti unique, le Parti congolais du travail, sachant qu’en matière d’idéologie les trois mouvements s’affichaient de gauche. En élargissant la toile, on pouvait associer à un tel groupement des partis comme le Rassemblement pour la démocratie et le progrès social de Jean-Pierre-Thystère Tchicaya, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès de Pierre Nzé, le Rassemblement national pour la démocratie et le progrès de Claude-Ernest Ndalla.

On aurait alors constitué, pour le bonheur des opérateurs politiques et de leurs militants, un large bloc des partis de gauche qui se serait mis en opposition avec un vaste groupement de droite, le porte-étendard de celui-ci étant, à l’époque, le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral, au moulin duquel des partis comme l’Union pour le progrès de Martin Mbemba, l’Union patriotique pour la démocratie et le progrès de Célestin Gongarad-Nkoua, le Parti national d’Yvon-Norbert Gambeg, l’Union nationale des patriotes croyants de François Loumouamou, entre autres, apportaient de l’eau dans le cadre de la plateforme Union pour le renouveau démocratique. Le constat est que l’univers politique congolais étant bâti sur des sables mouvants, on a vu ensuite des alliances se faire et se défaire au grès des humeurs des leaders, mais aussi, n’ayons pas la langue fourchue, au gré des batailles pour la démocratie et des circonstances qui en façonnaient le cours.

Quant à Convergence citoyenne, la jeune formation politique de Bonaventure Mbaya, lui-même ancien du Parti social-démocrate congolais, le Pari depuis disparu, son fondateur l’a menée un moment dans l’Alliance pour la république et la démocratie. Sous ce label siégèrent un certain nombre de formations politiques au casier judiciaire tellement immaculé qu’on peut penser qu’elles n’avaient pas survécu à leur naissance. Mais Mbaya est un produit de la conférence nationale souveraine parmi les jeunes loups qui en gardent encore la verve oratoire. En expliquant le jour du lancement de l’alliance des sociaux-démocrates du Congo qu’ils admiraient la couleur idéologique de celle-ci, les signataires devraient trouver consolation dans l’histoire des alliances politiques des vingt dernières années. Elles ont rarement vécu longtemps tant il n’y avait rien à se mettre sous la dent.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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