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L’Europe à la croisée des cheminsLundi 23 Décembre 2013 - 2:45 On pouvait craindre que l’Union européenne, prise dans le double étau de la crise économique et de la crise financière, se délite brutalement et que l’euro, miné par l’inconscience des banques, implose soudainement. Mais il semble qu’au terme d’une réflexion collective d’autant plus sérieuse qu’elle fut discrète le bon sens soit près de l’emporter sur la déraison, le réalisme sur la passion. C’est du moins ce que l’on peut conclure des événements qui ont marqué les derniers mois de cette année 2013, particulièrement agitée sur le Vieux Continent. Trois faits majeurs semblent indiquer que l’Europe bouge dans le bon sens. Le premier est la prise de conscience qu’aucun des vingt-huit pays membres de l’Union, pas même l’Allemagne, ne peut tirer seul son épingle du jeu. Étroitement imbriquées les unes dans les autres, leurs économies respectives sont désormais dépendantes les unes des autres au point que toute rupture entraînerait un effondrement général. En témoigne l’aide collective apportée, non sans mal il est vrai, à la Grèce, à l’Espagne et au Portugal, qui ont permis à chacun de ces pays de sortir de l’ornière où il s’enfonçait. Le deuxième fait majeur résulte de la découverte, ou plutôt de la redécouverte, que sans objectif politique l’Union européenne ne peut espérer devenir une puissance crédible. Face aux géants que sont la Chine, les États-Unis, la Russie, l’Inde, elle demeure un nain politique, ce qui lui enlève toute crédibilité dans la gestion des affaires mondiales. D’où le rapprochement qui s’opère très discrètement entre l’Allemagne et la France afin de redonner un sens à la construction européenne. Le troisième fait majeur naît du constat qu’aucun pays européen n’est en mesure de participer seul à la gestion des crises qui se déroulent à proximité du Vieux Continent. Vécue au Moyen-Orient lors des guerres d’Irak, d’Afghanistan et, tout près de nous, de Syrie, cette évidence s’impose au fils des jours en Afrique où la France découvre son incapacité à agir avec ses seules forces militaires pour venir en aide à ses partenaires menacés de sombrer dans le chaos qui l’appellent à l’aide. La combinaison de ces trois faits devrait avoir pour résultat d’amener rapidement l’Europe à accomplir un pas en avant décisif sur la voie de son intégration. Mais il lui faudra pour cela mettre au préalable de l’ordre dans sa gouvernance que les responsables politiques ont abandonnée entre les mains de technocrates enfermés dans la tour de Babel qu’est devenue au fil du temps la Commission de Bruxelles. Et sur ce terrain, la bataille promet d’être rude étant donné les mauvaises habitudes prises par les centaines, les milliers d’hommes et de femmes qui vivent confortablement au sein de ce vaste fromage. À ce point du raisonnement, nous ne saurions trop conseiller à Angela Merkel et à François Hollande de prendre connaissance des rapports présentés il y a dix jours lors de la conférence sur le devenir de l’Union européenne organisée à Paris par l’Institut Robert-Schuman pour l’Europe que dirige le Père Maurice Rieutord sj. Ils seront édifiés par ce qu’ils liront et pour peu qu’ils aient le courage d’en tirer les conclusions, ils s’attacheront à remettre le Vieux Continent sur la voie que ses pères fondateurs avaient choisie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. À un peu plus de trois mois du sommet Afrique-Europe qui se tiendra à Bruxelles pour examiner l’évolution des relations entre les deux continents, une telle réflexion s’impose de façon évidente. Les chefs d’État africains ne prendront certainement pas de gants, en effet, pour dire aux dirigeants européens ce qu’ils pensent du comportement présent de l’Union à l’égard des peuples que leurs nations ont soumis et exploités sans frein pendant des siècles. Jean-Paul Pigasse Edition:Édition Quotidienne (DB) |