Lutte contre Boko Haram : le conseil de paix et sécurité de l’UA se penchera jeudi sur le sujetMercredi 28 Janvier 2015 - 10:55 Les ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine ont continué leur débat le 28 janvier à Addis-Abeba, en Éthiopie sur la lutte contre la secte islamiste Boko Haram. Si des des voix se sont certes élevées en faveur de la réponse collective à la menace de ce groupe armé, certaines délégations présentes au contraire ont préfèré laisser la primeur du débat au conseil de sécurité de l’organisation panafricaine. L’envoyée spéciale des nations unies pour le Sahel, Birout Gebre Selassie, a dénoncé le mutisme de certaines délégations concernant Boko Haram. « Ne pas agir collectivement serait la porte ouverte à une contagion de la menace à toute la région », a-t-il souligné. En attendant la décision de l’Union africaine (UA), le président tchadien Idriss Déby Itno dont le pays se sent menacé de près par l’étendue de la zone d’influence de Boko Haram a décidé ce mois-ci d’envoyer des troupes sur le territoire camerounais. Il s’était déjà prononcé en faveur de la formation d’une force de réaction africaine pour combattre la secte islamiste. Du côté du Nigeria, les autorités qui se préparent à l’élection présidentielle pour le mois prochain semblent plutôt décider d’en découdre avec Boko Haram sans l’aide extérieure. C’est du moins ce que le président Goodluck Jonhatan a promis puisqu’il s’est déjà engagé à éradiquer la secte islamiste sans intervention étrangère. Il reste maintenant à savoir si l’UA parviendra à convaincre le Nigéria de la nécessité d’une intervention collective. Pour l’heure, Abuja et son armée sont accusés d’incompétence et de mauvaise volonté dans la lutte contre Boko Haram. À l’ouverture de cette réunion des ministres le 26 janvier, la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini-Zuma, avait appelé les États africains à réagir collectivement contre la menace Boko Haram. Pour la présidente de la commission de l’UA, le combat contre Boko Haram, loin d’être un problème local est plutôt une situation qui doit intéresser tout le continent. « Si cette menace n’est pas contenue, nous serons tous en danger. Il est temps d’agir collectivement contre Boko Haram », soulignait-elle. Nkosazana Dlamini-Zuma avait aussi dit avoir multiplié des consultations avec les États membres, les organisations sous-régionales et d’autres partenaires dans le but d’en finir avec ce groupe islamiste qui sème la mort et la désolation au Nigeria et au Cameroun. Le secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, Carlos Lopes, avait pour sa part parlé de la nécessité de prendre des mesures drastiques pour faire face à la montée de l’extrémisme religieux, à l’instar de Boko Haram, les Shebab ou Aqmi. « La réponse à apporter n’est pas que politique, mais aussi économique », indiquait-il. Carlos Lopes a ajouté que ces menaces sécuritaires étaient notamment « le résultat d’une incapacité à créer de l’activité pour les populations des régions concernées. Une instabilité qui a aussi un coût élevé pour le continent où la menace terroriste est perçue comme un risque pour les investisseurs » Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA qui se tiendra le 29 janvier dans la capitale éthiopienne devra permettre de définir un agenda anti-Boko Haram avec, au programme, le déploiement sur le terrain d’une vraie force multinationale et la création d’un fonds spécial pour financer cet effort de guerre. Créé en 2002, Boko Haram qui mène actuellement des opérations contre son pays et le Nord du Cameroun a déjà tué des milliers de personnes depuis 2009 et contraint des milliers d’autres personnes à se déplacer vers des pays voisins du Nigeria. Les autorités nigérianes n’arrivent toujours pas à faire face au groupe terroriste connu pour ses attaques meurtrières. En effet, plusieurs ONG accusent Boko Haram de crime contre l’humanité et crime de guerre, appelant la communauté internationale à intervenir pour mettre un terme aux attaques quotidiennes de la nébuleuse. Nestor N'Gampoula |