Pardon aux Romains pour les scandales

C’était au cours de l’audience générale, exercice hebdomadaire qui rassemble des milliers de pèlerins autour du pape Place Saint-Pierre tous les mercredis matin. Avant son enseignement, la catéchèse qu’il développe chaque fois pour instruire les fidèles, le pape François a eu des mots qui ont ému et fait parler au-delà du cercle de l’Eglise catholique, à Rome et dans toute l’Italie.

« Je voudrais, au nom de l'Eglise, vous demander pardon pour les scandales qui ces derniers temps se sont produits aussi bien à Rome qu'au Vatican », a-t-il dit sans donner plus de détails à un public aussi intrigué qu’attendri. Toujours sibyllin, le souverain pontife a indiqué qu’il était « nécessaire » que les scandales arrivent, pour ajouter presqu’aussitôt, en citant la Bible. : « mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive ! ».

Naturellement ces propos ont provoqué une tonne d’interrogations dans les médias qui continuent encore de s’interroger sur « l’homme », la personne visée par l’admonestation pontificale. Le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, s’est refusé à préciser à la place du pape. « Si le pape a employé un langage à caractère général, c'est son intention et il ne m'appartient pas d'interpréter », a répondu le jésuite aux journalistes qui le « bombardaient » de questions.

« Lorsque la responsabilité de l'Eglise ou celle d'hommes d'Eglise est concernée, le pape demande pardon », s’est-il borné à dire. Ajoutant que les propos du pape concernaient les prêtres et uniquement. Les médias italiens se sont lancés sur la voie des conjectures, rappelant que rarement on a vu le pape François en colère. Pourtant ces dernières semaines il n’a pas dû avoir beaucoup d’occasions de sourire tant sont nombreux les scandales touchant le Vatican de près ou de loin.

Il s’agit notamment de ce scandale géant provoqué par un prêtre théologien polonais, travaillant au Vatican, venu dire devant les médias qu’il était homosexuel et cohabitait même avec un restaurateur espagnol. Faite la veille exacte de l’ouverture d’un synode des évêques au Vatican consacré à la famille, la déclaration a secoué le microcosme. D’autant qu’elle est intervenue quelques mois seulement après le décès, dans une prison au Vatican, d’un autre haut-prélat polonais qui était poursuivi pour pédophilie du temps où il fut nonce apostolique en République dominicaine.

Il s’est aussi agi de ce prêtre venu à la télévision justifier la pédophilie ou du cas d’un couvent de moines suspecté d’avoir régulièrement recouru à Rome aux services de prostitués etc… Un vaticaniste a pu s’indigner de cette « entrée en force de Satan au cœur même de l’Eglise » ! La presse italienne qui fait feu de tout bois s’est crue aussi obligée d’ajouter au nombre des scandales pour lesquels le Saint-Père a demandé pardon sa sortie récente contre le maire de Rome, Ignazio Marino, ayant affirmé s’être rendu à Philadelphie à l’invitation du pape, suscitant le démenti sec et même indigné de celui-ci. Le maire a démissionné la semaine dernière…