Pourparlers Etats-Unis-Cuba : « un dialogue constructif », selon Roberta JacobsonSamedi 24 Janvier 2015 - 13:54 La première étape des discussions entre les États-Unis et Cuba s’est achevée le 23 janvier sous une note satisfaisante pour les deux parties. À l’issue de deux jours de travaux, la représentante américaine du secrétaire d’État pour les Affaires occidentales, Roberta Jacobson, s’est dite optimiste malgré le fait que des points de divergences demeurent. « Le but de ma visite était de discuter des points spécifiques sur la manière d’avancer sur le rétablissement des relations diplomatiques, et dans la deuxième partie, de parler de toute une série de sujets sur les relations bilatérales, l’un d’entre eux étant les questions de droits de l’homme, a-t-elle déclaré. Mais il n’y a aucun doute sur le fait que les droits de l’homme restent au centre de notre politique.» Et Roberta Jacobson de poursuivre : « Nous savons que la politique que nous avons suivie ces cinquante dernières années n’aura servi qu’à nous isoler et non pas à créer plus d’aide pour les Cubains eux-mêmes comme nous le souhaitions. Notre but est le même, c’est d’aider le peuple cubain. Il ne s’est passé qu’un mois depuis l’annonce des présidents, et ce ne sont que les premières discussions sur la manière dont cette politique sera mise en œuvre. Donc il est très difficile de dire comment cela va fonctionner. Mais nous tenons à poursuivre notre engagement vis-à-vis du peuple cubain et à poursuivre le dialogue avec le gouvernement cubain afin d’atteindre cet objectif, avec un travail important qui consiste à s’assurer que le peuple cubain a toutes les informations dont il a besoin pour prendre ses propres décisions. » Le président de la Commission cubaine des droits de l’homme, Elizardo Sanchez, a, en ce qui le concerne, estimé que les discussions directes entre Américains et Cubains ont été certes une avancée, mais ne seront pas suivies de changements immédiats. « C’est une avancée positive qui va donner lieu à un changement géopolitique. Mais nous n’attendons pas de miracle de cette normalisation des relations bilatérales, car nous voyons que le gouvernement n’est pas disposé à faire les réformes nécessaires à Cuba », a-t-il indiqué. L’assouplissement des relations entre les États-Unis et Cuba est le fruit d’un sérieux travail dont les tractations se faisaient souvent en coulisses. Ce rapprochement est notamment l’aboutissement de négociations secrètes qui se sont déroulées de juin 2013 à novembre 2014 au Canada. L’accord final a été conclu au Vatican. Un haut responsable américain a d’ailleurs affirmé que le pape François a joué un rôle-clé dans cette percée diplomatique après avoir lancé des appels personnels aux deux présidents. À titre de rappel, notons que les relations entre les États-Unis et Cuba étaient neutres au moment de la révolution cubaine qui se solda en 1959 par le renversement à Cuba du régime du dictateur pro-américain Fulgencio Batista par une guérilla amorcée par Fidel Castro et le mouvement du 26 juillet. Elles se sont dégradées dès l’année suivante, avec l’expropriation des compagnies des États-Unis et le refus américain d’acheter le sucre cubain, malgré les tentatives de médiation opérées par le président argentin Arturo Frondizi. Il en résulta des rapports très tendus : Washington décida en avril 1961 de lancer le débarquement de la baie des Cochons avec les membres de la Brigade 2506, qui fut un fiasco. Plus d’une décennie plus tard, soit en 1973, les deux pays signent un pacte sur le détournement d’avion, qui leur permettra d’échanger un certain nombre des pirates de l’air. Depuis des années, les relations américano-cubaines alternent entre période de refroidissement et d’adoucissement. Récemment, l’administration américaine a organisé un dégel de ces relations, en ordonnant la levée des restrictions sur les voyages et les transferts de fonds envoyés à Cuba par les immigrants cubains aux États-Unis. Les autorités américaines ont, par ailleurs, retiré leur veto mis depuis 1962 à l’intégration de Cuba dans l’Organisation des États américains. Dans ce même cadre, les deux parties ont multiplié des gestes de bonne volonté ces derniers temps. Il sied de signaler aussi que le gouvernement cubain a libéré récemment cinquante-trois prisonniers politiques, l’une des exigences des États-Unis.
Nestor N'Gampoula |