Présidentielle française : les candidats s’expriment sur les interventions militaires françaises en Afrique

Jeudi 13 Avril 2017 - 12:51

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Alors que la campagne pour la présidentielle française amorce son dernier virage, Les Dépêches de Brazzaville vous présentent les positions des différents candidats sur les interventions militaires françaises en terre africaine. Le continent africain constitue un rouage stratégique de la diplomatie française, en raison du passé colonial et surtout des enjeux géopolitiques et économiques. Le volet militaire est riche en enseignements.

Philippe Poutou du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) appelle au retrait total des troupes françaises présentes en Afrique. Selon Léon Crémieux, son chargé des questions internationales les interventions armées n’ont pas entraîné de stabilité dans les pays où la France et d’autres pays occidentaux ont intervenu. Il refuse toute « idée d’un rôle civilisateur de l’Europe en Afrique». Le NPA compte aussi mettre un terme aux contrats des grandes entreprises françaises avec les Etats africains. Pour Léon Crémieux, ces accords sont illégaux et dépossèdent les pays africains de leurs richesses naturelles.

Lutte Ouvrière (LO) de Nathalie Arthaud appelle à l’arrêt de toutes les interventions militaires françaises en Afrique. Car « chaque intervention suscite un chaos ». Son conseiller Afrique, Pierre Royan souhaite que ces interventions se déroulent « dans le cadre de la légalité internationale », c’est-à-dire uniquement si elles sont demandées par les pays eux-mêmes ou réalisées avec l’aval des Nations unies.

Pour mener à bien les objectifs de l’Afrique, le mouvement de Jacques Cheminade, Solidarité et Progrès propose la mobilisation des armées africaines, avec l’aide des soldats et des ingénieurs civils français, pour la construction des voies ferrées, des routes, des ponts et des ports. Le recours à l’armée  serait transitoire, chargée simplement de la pacification des régions en guerre.

Nicolas Dupont-Aignan  de Debout La France (DLF) justifie la présence de soldats français dans des pays connaissant de graves menaces, sans les citer. Il est favorable au renforcement de contingents militaires pour enrayer la menace de la piraterie maritime en mer Rouge et dans le golfe de Guinée. Par contre il s’oppose à  toute sécurisation d’un régime africain.

En ce qui concerne Benoît Hamon du Parti Socialiste (PS), il propose d’appuyer les interventions militaires françaises sur les partenaires européens et régionaux africains et strictement dans le cadre de la légalité internationale. Son responsable des questions internationales, Pouria Amirshahi, ajoute que ces interventions peuvent se justifier « jusqu’à ce que les armées africaines soient en situation d’assurer elles-mêmes leur propre sécurité », tout en rappelant que la « France n’est pas le gendarme de l’Afrique ». Il lie « les conflits que fuient les populations migrantes à des choix politiques de l’Occident ». Il milite en faveur d’un « visa humanitaire » pour les populations touchées par la guerre.

S’il était élu, François Fillon, candidat de Les Républicains (LR) prolongera les actions militaires françaises au Sahel tout en renforçant la formation et le soutien aux armées africaines, « afin qu’elles soient encore mieux préparées dans la résolution de leurs conflits ». Ce qui demande du temps selon lui, ainsi que le maintien des bases militaires françaises en Afrique.

Longtemps accusé d'être trop vague dans ses propositions, le candidat d’En marche ! Emmanuel Macron a abattu ses cartes sur son programme. Il compte engager une revue politique et militaire sur les bases militaires françaises en Afrique, notamment sur la lutte contre le terrorisme, et faire du renforcement des capacités sécuritaires africaines nationales et régionales un objectif prioritaire pour la France et pour l’Europe, et solliciter plus d’engagement du côté de l’Union européenne (UE). Il insiste sur la nécessité de « renforcer les fonctions régaliennes des États et de développer une réponse africaine coordonnée au niveau régional et continental ».

Lors de sa récente visite au Tchad, Marine Le Pen du Front National (FN) a rencontré les soldats français de l’opération Barkhane. Elle s’est également entretenue avec le président tchadien Idriss Deby Itno, sur l’intervention française en Libye. Pour elle, la sécurité et la prospérité de la France et de l’Afrique sont indissociables. «  On ne peut pas être souverain à moitié », a-t-elle déclaré. Marine Le Pen a eu  une position contre les interventions militaires françaises en Côte d’Ivoire et en Libye. Des interventions qu’elle considère comme « un cache-misère des faillites de la diplomatie française ». Avec elle, toute opération française en Afrique ne pourra se faire qu’à la demande  des Etats ou dans le cadre de clauses prévues dans les accords bilatéraux de défense.

Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise,  est opposé à la présence militaire française  en afrique, et demande son départ  à « long terme négocié », s’il était élu : « nous devons discuter avec les autorités locales de l’armée dans le temps », déclare con conseiller Patrice Finel. A l’avenir, il pense que les armées françaises doivent avoir « un rôle de maintien de la paix et sous mandat de l’Onu ». Il en est de même pour l’avenir des bases militaires françaises, plus de 10 000 soldats pré-positionnés à Djibouti (2900), au Sénégal (1150), au Gabon (800),  en Côte d’Ivoire (2400), au Tchad (1200), depuis 1986. Plus l’opération Eufor, le Commandement des opérations spéciales (COS) constituées d’un réservoir de 3000 hommes choisis parmi les troupes d’élites, dépendant directement de l’Elysée. Il considère ces bases militaires au service du pillage des ressources naturelles et appelle au respect de l’indépendance des Etats africains et à la souveraineté des peuples.

La présence militaire en Afrique se base en grande partie sur des accords de défense signés pour la plupart très discrètement, en échange des indépendances. Si certains éléments de ces accords ont fini par être révélés, une certaine opacité demeure concernant leur nombre et leur contenu. Pierre Joxe, pourtant ministre de la Défense l’avouait : « Personnellement, je n’ai jamais réussi à obtenir la totalité des accords et leurs clauses secrètes, (…) tellement secrètes que je ne sais même pas qui les connaît », révélait-t-il.

Noël Ndong

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