Spectacle : Moaka na Ndima, découverte d'un peuple dont les usages sont à la fois uniques et agréables

Vendredi 9 Mai 2014 - 20:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le groupe folklorique Ndima a livré un spectacle à l’IFC le 7 mai, prélude à la prestation qu’il entend présenter lors de sa prochaine tournée européenne, prévue le 14 de ce mois

Le spectacle s’est déroulé sur le thème « Moaka na Ndima », qui se traduit par « l’homme et la forêt ou un Aka dans la forêt » en langue française. Ce groupe composé de trois femmes et trois hommes akas et un bantou a su tétaniser son public partiellement métissé avec des rythmes à la fois dansants et larmoyants, accompagnés de battements des mains, de tambours, d’un arc musical et de bien d’autres instruments conçus exclusivement de leurs propres mains.

À ce spectacle qui renvoie à la beauté de la nature telle que voulue par le Créateur, les femmes akas étaient simplement vêtues. Pagne attaché à la poitrine et jupe de raphia autour des reins, les hommes avaient également un pagne en forme de culote pour se présenter devant le public désireux de connaître ce qui devait suivre…

Un enchaînement de multiples gestes tout simplement, traduisant ainsi le  quotidien de ces hommes et femmes dans la forêt. Entourés des membres de leurs différentes familles dans leur village loin du regard des autres civilisations, ils entonnent des chansons ayant de multiples significations selon les usages. Mobé, l’hymne est un culte fredonné lors de la chasse. Il est chanté répétitivement à chaque fois que les Akas ou les populations autochtones vont se livrer au plaisir de la chasse. Ainsi, explique-t-on, la mélodie a pour but de rendre la chasse agréable en ayant recours aux esprits dotés du pouvoir la protéger du danger.

Parcourant le registre d’appel, le chant Kundé,  un autre son présenté sur scène par les autochtones, révèle l’histoire d’une veuve plaintive sur son propre sort suite au décès de son mari. Cette présentation retravaillée, comme pour laisser à l’histoire son empreinte, s’inspire d’un fait réellement vécu. Il s’agit en effet du parcours d’un couple dont la femme était plus âgée que son homme et dont la propre famille de cette dernière disait d’elle qu’elle « avait épousé son fils ! » Les paroles de la chanson sous forme de lyrisme sont une réponse de la veuve à sa famille : « Moi et mon époux, nous étions aimés d’un amour immense. Ce qui nous a rendus heureux sans nous attarder sur des détails. Laissez-moi donc vivre avec le souvenir d’un homme qui m’a aimée. »

Au cours du spectacle, la sonorité des voix a permis de découvrir, pour ceux qui ne le connaissaient pas, le style employé par les Akas, appelé « jodel ». Qui met en fait la valeur des sons, placée dans un système de vocalisation rapide, sans transition. Cette technique part de la voix de tête à celle de la poitrine, rassemblant plusieurs timbres vocaux différents qui dégagent au final une pluralité de sons harmonieux, purs, agréables à écouter, donnant l'impression à ceux qui l'entendent d’être passés par quelque-chose d’unique. « J’ai assisté à leur répétition, je suis tombée en admiration par leur façon de faire, ils sont dotés d’une intelligence extraordinaire bien qu’ils n’aient jamais été à l’école, et plus encore ils ont une sagesse de faire les choses qui n’a rien d’égal sur fond d’une certaine maîtrise de soi au-dessus de toute attente », s’exclame Sourhia-lys Abialonkélé, une spectatrice.

À la découverte du groupe Ndima

Pour ceux qui les découvrent, Ndima est un groupe de musiciens, chanteurs et danseurs autochtones akas, qui font partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco depuis 2002. Sans doute à cause de l’originalité de leurs chants polyphoniques à la fois étranges et fascinants chantés de façon touchante, véhiculant différents sentiments propres à une série de circonstances vécues. Ces musiciens nous font découvrir la voix de la forêt avec une étonnante variété rythmique exprimant l’équilibre écologique par des moments de tristesse, de joie, de réjouissance ainsi que de dur labeur.

Le spectacle, intitulé Moaka na Ndima, met en exergue des instruments traditionnels tels que la harpe-cithare, la harpe kùndé, et encore l’arc à bouche appelé mbela. Au travers de ces prestations, nous effectuons ainsi un voyage au cœur de la forêt équatoriale, une découverte des richesses et du mode de vie des peuples autochtones akas. « C’est la première fois que j’assiste à une prestation de ce groupe, bien que j’en ai déjà entendu parler, et je suis vraiment stupéfait et plein de joie vis-à-vis de leur manière de chanter et de jouer les instruments. Pour cela, je souhaite qu’il y ait plus de gens qui s’intéressent à eux car l’intégration de ces peuples autochtones passe par le soutien et l’attention que les peuples bantous et les autres peuples leurs accordent », déclare un spectateur anonyme.

Le groupe Ndima entamera une tournée européenne le 14 de ce mois, en passant par la Guyane, la France, la Pologne, l’Italie, la hollande, etc.

Durly-Émilia Gankama