Lybie : encore un Italien enlevéJeudi 22 Janvier 2015 - 19:19 L’enthousiasme suscité par la libération de deux humanitaires italiennes en Syrie est à peine retombé qu’on apprend un autre rapt. La presse italienne a révélé jeudi que depuis deux semaines on est sans nouvelles d’un médecin italien en Libye. Le Dr Ignazio Scaravilli, un Sicilien originaire de la ville de Catane, a brusquement disparu sans qu’aucun témoin ne puisse donner les circonstances de ce qui s’apparente à un enlèvement. Médecin orthopédiste, Ignazio Scaravilli travaillait à l’hôpital Dar Al Wafa de Tripoli, la capitale libyenne. Ses collègues et compatriotes ont constaté sa disparition le 6 janvier. Les autorités italiennes disent observer et agir dans la discrétion que nécessite ce genre de faits. « Tous les canaux possibles de recherche » ont été activés, indiquait-on jeudi à la Farnesina, le ministère italien des Affaires étrangères à Rome. L’émotion suscitée par l’information est perceptible car ce n’est pas le premier Italien enlevé en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011. Quoiqu’imprévisible, le leader libyen défunt entretenait des rapports d’attachement avec l’Italie, pays qui a brièvement colonisé la Libye (1912-1951) et où vivait jusqu’à il y a peu une forte colonie d’Italiens. En mars de l’an dernier, l’ingénieur Gianluca Salviato y avait été enlevé et avait été relâché après huit mois de détention. Mais, surtout, l’enlèvement éventuel au début du mois de ce médecin à Tripoli tomberait bien mal pour l’opinion. Il y a seulement une semaine, l’Italie s’est réjouie de la libération de Greta Ramelli (20 ans) et Vanessa Marzullo (21 ans), restées prisonnières de mouvements djihadiste syriens pendant six mois. Mais les conditions de leur libération ont suscité des débats passionnés autour du principe de payer ou non des rançons à des terroristes. Le gouvernement a vivement nié avoir payé, sans trop convaincre. Aujourd’hui, la nouvelle affaire en Libye va certainement relancer la polémique sur la nécessité de payer pour libérer des compatriotes. Une polémique qui a pris une tournure plus vive encore lorsque le mouvement de la Ligue du Nord a accusé les jeunes filles d’avoir été imprudentes de se rendre dans un pays dangereux au plan sécuritaire comme l’est la Syrie. La même critique risque de s’entendre aussi ces prochains jours à propos de la volonté de certains humanitaires de pousser le devoir jusqu’à partir pour des pays peu sûrs ou décider de s’y maintenir malgré les invites officielles à la prudence. Il y avait jusqu’ici deux Italiens toujours tenus par des ravisseurs dont on sait peu s’ils relèvent de la matrice religieuse fondamentaliste ou de simples réseaux criminels. Giovanni Lo Porto, un coopérant, a disparu en janvier 2012 au Pakistan. Et le prêtre jésuite Paolo Dall'Oglio, militant du dialogue inter-religieux en Syrie, a disparu en juillet 2013 dans ce pays où il était tellement connu que les témoignages d’attachement à son égard ont été exprimés par les Syriens de toute condition. Il avait été enlevé à Raqa, le fief des djihadistes de l'organisation État islamique, au nord de la Syrie. Lucien Mpama |