Belgique-RDC : vers une énième crise diplomatique

Entre la RDC et son ancienne métropole, les relations ne sont plus au beau fixe depuis un certain temps. De part et d’autre, le discours est ferme, radical voire tranchant. Après que la Belgique a décidé de restreindre la durée de validité des visas accordés à ses dirigeants, la RDC est montée à son tour au créneau pour brandir, au nom de la réciprocité, le spectre des sanctions coercitives contre Bruxelles. On n’en est pas encore là, mais les signaux qui prédisent de représailles de la part du gouvernement à la décision belge sont déjà perceptibles.

Le Congo officiel n‘a pas, en effet, digéré le ton utilisé par le chef de la diplomatie belge lorsqu’il a annoncé ces mesures évoquant la situation politique en RDC et la perspective de report des élections comme principale motivation. « J'aimerais qu'on nous dise quel lien il y a entre des visas accordés à des autorités et la situation politique actuelle de la RDC », s’est interrogé Germain Kambinga, ministre de l‘Industrie cité par BBC/Afrique et dépêché à Bruxelles pour chercher à en savoir un peu plus. « Nous sommes dans une phase où le soutien de bonne foi de nos amis est nécessaire. C'est un accompagnement solidaire et constructif que nous voulons. Il ne faut pas que nous payions la rançon (…) de cette forme de surenchère diplomatique qui se fait sur la scène internationale », a-t-il ajouté.

C’est dire que la décision que pourrait éventuellement prendre la RDC « en vertu du principe de réciprocité qui est la règle numéro un en diplomatie » à en croire Antoine Boyamba, ministre  chargé des Congolais de l‘Étranger, reste suspendu à la mission de son envoyé spécial à Bruxelles. Une mission qui tombe à point nommé juste au moment où les autorités belges sont sur le point d'évoquer la crise politique en RDC avec leurs partenaires d'Europe, au sein du Conseil européen, dans les prochains jours. Si la mission de Germain Kambinga ne débouche sur rien de concret qui ne satisfasse les deux parties, il va sans dire que le gouvernement sera dans l’obligation de passer à l’action. « C'est une mesure qui sera prise au niveau du gouvernement. On n'a pas encore pris de décision, mais il faut envisager la réciprocité. Et ce que nous prendrons nous Congolais comme décisions, ça sera aussi de notre droit et de notre souveraineté », a martelé Antoine Boyamba.

Dans la ville haute, on laisse entendre que les mesures que s’apprête à prendre le gouvernement de la RDC contre la Belgique consistera notamment au refus d'accorder des visas aux Belges détenteurs d'un passeport diplomatique. La RDC, entend-on dire, pourrait même aller plus loin en prenant quelques sanctions économiques contre la Belgique. À noter que cette brouille diplomatique entre la Belgique et son ancienne colonie intervient quelques jours après que les états-Unis ont annoncé des sanctions contre quelques officiers des Fardc accusés d’entraver le processus démocratique en cours.