Inondations et ensablements : l’ampleur des dégâts inquiète

Samedi 11 Janvier 2020 - 17:00

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Habitations inondées et englouties par des coulées de boue avec un nombre important de sinistrés, élargissement des pointes d’érosions, chaussées et voie ferrée endommagées. Les pluies donnent du fil à retordre aux pouvoirs publics et à la population dont certaines personnes sont sans abri depuis plusieurs jours.

 

 « (…) Dès lors, il nous faut rester vigilants et préparer autant que possible (…) une gestion mieux structurée des espaces urbains, un aménagement conséquent des grandes agglomérations. Cette exhortation en faveur d’un milieu de vie sécurisé, à l’abri des désastres ravageurs inhérents au climat, prend un caractère particulièrement impératif », déclarait le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, dans son message de vœux le 31 décembre dernier. Les dégâts des pluies qui s’abattent ces derniers temps sur Brazzaville sont d’une ampleur telle que les pouvoirs publics ne devraient plus tarder pour passer à l’acte afin de sortir la population de l’ornière comme cela se fait déjà avec les 180.000 sinistrés des localités inondées le long du fleuve Congo et ses affluents dans les départements de la Likouala, la Sangha, la Cuvette et les Plateaux.

 

Au niveau de la capitale, notamment à « Petit-chose », quartier 668, Talangaï, les habitants se sont réveillés les pieds dans l’eau suite à la pluie de la nuit du 6 au 7 janvier qui s’est d’ailleurs enchainée les jours suivants. Il y en a qui se sont réfugiés sur les toits des maisons pour se mettre à l’abri de l’inondation dont la pression à quelques endroits pouvait emporter des vies humaines. « Nos propres maisons deviennent invivables tout comme le quartier. Nous sommes obligés de trouver refuge ailleurs », a déclaré Magalie Okouri, désemparée avec deux enfants de moins de dix ans, ne sachant à quel saint se vouer en pareille circonstance.

Certains sinistrés ont trouvé refuge chez les voisins des quartiers limitrophes, d’autres ont rejoint les parents dans des zones non touchées. D’autres encore ont tenté de prendre d’assaut l’école primaire 18 mars, dans la matinée du 10 janvier, pour ne pas passer nuit à la belle étoile. La police est intervenue pour y mettre de l’ordre puisque l’établissement est dédié à l’éducation des enfants qui sont d’ailleurs en période scolaire. Les familles se sont alors dirigées vers le marché moderne « Mama Mboualé ».

Les eaux montantes du fleuve Congo, qui n’avaient jamais atteint le niveau actuel depuis 1961, ont également inondé le quartier Devala dans le même arrondissement de la capitale. Une centaine de familles se sont réfugiées sous le viaduc dans une zone où la pirogue a été l’unique moyen de déplacement. « Nous ne demandons pas au gouvernement de nous donner à manger mais de nous trouver là où mettre la tête », avaient fait savoir ceux qui s’étaient déplacés sous le viaduc, le temps d’attendre que les eaux reviennent à la normale dans ce quartier marécageux où les occupations parfois anarchiques impliquent aussi la responsabilité des habitants.  

Mfilou

Par ailleurs, au septième arrondissement, environ trois mille personnes sinistrées ont passé la fête du nouvel An loin de leurs domiciles engloutis par des coulées qui ont aussi pris véhicules, station à essence… Au quartier Ngambio, il y a des familles qui ont eu le temps de préparer leur départ car l’ensablement n’a pas la même urgence que l’inondation même si les dégâts peuvent être les mêmes. Certains citoyens qui ont construit à coût de millions n’ont pas eu la possibilité de passer une seule nuit dans leurs maisons dont le niveau d’engloutissement est sans précédent. La principale avenue allant du rond-point Mouhoumi au rond-point Moukondo n’est plus praticable par voiture à cause des montagnes de sable. Dans un tel décor, en cas d’incendie qui nécessiterait l’intervention des sapeurs-pompiers, la marge de manœuvre pour sauver des vies serait très réduite.  

Esprits surchauffés

Dans une atmosphère tendue, les langues se sont déliées pour fustiger. « Quelques minutes après l’effondrement d’une partie de la corniche, nous avons vu beaucoup d’autorités faire immédiatement des descentes sur le terrain. Pour nous, personne ne vient ne fût-ce que pour nous rassurer », a déploré Yannick Ngoulou. Un avis partagé par l’ensemble des déplacés. Pourtant, le suppléant d’un des députés des circonscriptions de Talangaï voulant descendre sur le terrain pour s’enquérir de la situation a failli être pris à partie. 

Des dispositions du gouvernement

« Sous la houlette du Chef du gouvernement, nous avons évoqué de manière globale tous les phénomènes environnementaux (érosions, ensablement, inondations) qui, aujourd’hui, sont une préoccupation majeure des pouvoirs publics. Cela traduit la volonté du gouvernement d’aller vers les solutions d’urgence sur ces questions qui touchent notre population dans les différents quartiers de Brazzaville », avait déclaré le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla, au sortir d’une réunion tenue le 9 janvier. Le gouvernement prévoit, en effet, une réunion cette semaine qui commence pour définir des mesures d’urgence devant soulager la population qui s’impatiente.

 

 

Rominique Makaya

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : les habitants de la rue Abila Talangaï quittant leurs domiciles Photo 2 : les sinistrés sur les toits de leurs maisons pour échapper à l'inondation

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