Echanges : « Y a pas la monnaie » ou quand les petites coupures se font rares à Brazzaville…

Jeudi 21 Avril 2022 - 19:52

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Que ce soit pour les petites commissions ou pour emprunter un moyen de déplacement, dans un grand magasin ou dans la boutique du coin, les petites coupures sont indispensables au déroulé du quotidien. Pourtant ces petites pièces et ces billets de tous les jours se font rares au point de suggérer aux artistes du pays des refrains qui font tourner la tête à l’image de ce problème de monnaie.

La majorité des citoyens congolais a la vie simple, un nombre important n’étant pas encore sensibilisé à la bancarisation. Loin de la vie du tout numérique, la vie au quotidien ne peut se passer de la circulation de  petites coupures d’argent.

Pourtant, depuis bientôt trois années, les petits billets et pièces de monnaie livrent les Congolais à un véritable casse-tête  qui n’est jamais définitivement guéri. « 1000 frs, 500 pas de monnaie ! » aura déjà entendu plus d’un Congolais dans les moyens de transport en commun. Prenant ou omettant la peine de prévenir, les contrôleurs de bus se montrent très virulents à la présentation des billets bleus et bruns par les passagers, surtout lorsque ceux-ci se multiplient et qu’aucune pièce ne se présente pour soulager ce désastre.

L’agacement est palpable au point d’en arriver à des échanges de paroles avec des clients qui ont du répondant à l’égal des contrôleurs, connus pour leur excentricité. Pour ne pas s’éterniser à un arrêt de bus, la plupart des contrôleurs ont recours à la stratégie du « Débrouillez-vous », laissant à des clients groupés le soin de trouver par eux-mêmes leur monnaie sur un petit billet qui s’est fait gros à l’occasion de la pénurie de petites coupures.

Les taximen, quant à eux, se rabattent du côté des stations-service, quitte à en enchaîner trois-quatre jusqu’à trouver la précieuse monnaie, rallongeant ainsi de plusieurs minutes le temps du trajet. Les boutiquiers du quartier, à la voix glacée par l’indifférence, renvoient les clients par un « Y a pas la monnaie » contraignant. Le dilemme est alors d’aller chercher le produit nécessaire plus loin ou de laisser son gros billet en otage chez le commerçant qui ne rendra pas la monnaie d’aussi tôt ou facilement. Le gros billet se voit alors livré au destin irrémédiable de ne jamais être monnayé mais consommé au fil des tours chez le boutiquier, tours justifiés par les besoins de la journée.

Depuis trois ans, l’on serait presque à se poser la question de savoir « Où est passée la monnaie au Congo ? » A défaut de ne savoir répondre à cette question, certains artistes ont choisi d’évoquer cette problématique qui s’ajoute aux tracas déjà nombreux des Congolais.

Young Ace Wayé aura fait tourner la tête de nombreux Congolais, mais aussi de nombreux internationaux, au point de devenir le Prix Découvertes RFI 2020 avec le clip « Mbok’oyo » en évoquant, entre autres nombreuses problématiques locales, le problème de monnaie, tout comme l’aura fait Zina Hope dans son clip Rock intitulé « Y a pas la monnaie » sorti en avril 2021. A défaut de mieux, on fait ce qu’on peut, en se consolant avec ces titres de choix.

Princilia Pérès

Légendes et crédits photo : 

Une vue des billets et pièces de FCFA utilisés au Congo/Adiac

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