La culture du haricot : une formule gagnante pour les agricultrices de la Bouenza

Vendredi 30 Août 2024 - 11:41

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La culture du haricot est une activité phare dans le département de la Bouenza. Très prisée par les Congolais, cette légumineuse nourrissante et économique est indissociable à toutes les grandes fêtes et retrouvailles familiales. Réunies en groupement, plusieurs agricultrices en fait leur gagne-pain.

"En 2016, quand nous avons reçu l'appui technique et financier du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Union européenne (UE), nous avons commencé à travailler sur des grandes étendues, le PAM avait le monopole de l'achat de nos marchandises. Par conséquent, plus de raisons pour se déplacer vers les grandes villes ", a lancé d'emblée Eugénie Nguimbi, présidente du groupement Femme de Ngoma-Louwala, à 18km de Loudima. Un grand soulagement pour les agricultrices dans la mesure où l'acheminement des marchandises coûtait cher et les tracasseries liées à la voie routière devenaient lourdes. " Même si aujourd'hui le PAM ne prend plus la totalité de la marchandise, on a néanmoins réussi à fidéliser les commerçants qui s'approvisionnent directement à la source avec la possibilité de faire leur choix", a poursuivi Eugénie Nguimbi, satisfaite de cet arrangement.

Même son de cloche pour Béatrice Mpambou, présidente du groupe Songa-Zola du districk de Boko Songho. Selon elle, cette initiative du PAM a été une planche de salut pour les habitants de cette localité réputée pour la production du haricot." Avant on travaillait de façon dispersée, aujourd'hui nous voyons les bienfaits de travailler en groupe et le résultat est plus que satisfaisant", a  rapporté cette dernière qui ne parle plus de vente en quaker,  mais en tonne."Après le projet, notre clientèle de Brazzaville et Pointe-Noire s'approvisionne directement dans nos granges,"  a expliqué la jeune femme, le sourire aux lèvres.

Travailler en coopératif n'a été que bénéfique pour les agricultrices qui ont vu leur culture de haricots s'accroître au point où elles ont dû faire appel à la main-d'œuvre. " N'ayant pas de tracteurs en bonne et due forme, nous sommes obligées de louer la main-d'œuvre des jeunes hommes essentiellement venus de la République démocratique du Congo. Avec 25 m2, on les paye 12 000 F CFA, 10 000 FCFA pour le champ et 2000 pour la nourriture" , a rprécisé Béatrice Mpambou. Du côté de Loudima, les prix sont sensiblement les mêmes comme l'a souligné Eugénie Nguimbi, qui n'a nullement peur de la concurrence extérieure. " Le haricot du Congo n'a pas de concurrence car, en dehors d'être nutritionnel, cette légumineuse n'a pas d’inconvénients comme les douleurs de ventre ou encore des pets ", a informé cette dernière.

Consciente de ce que ces groupements ont apporté au sein de sa communauté, elle souhaite pérenniser cette dynamique. "Kituadi ki vananga ngolo est composé de dix femmes ; ce groupement ne m'a apporté que des avantages, même si beaucoup ne croyaient pas en nous, on avait même prédit qu'on ne réussirait pas car, paraît-il, les femmes ne bâtissent pas", a-t-elle ajouté,  ayant à la base avait bien élaboré les règles et obligations des membres au sein de son groupement." Nous travaillons ensemble les mercredis et le reste du temps on vaque à nos occupations personnelles", a informé Eugénie Nguimbi. Du côté de Béatrice Mpambou, les femmes travaillent le vendredi et celles qui manquent à l'appel sont obligées de s'acquitter de la somme de 5000 FCFA. "Une astuce bien réfléchie pour dissuader les absences", a-t- elle laissé entendre.

Un projet qui a donné du fruit pendant et après. " Grâce aux bénéfices obtenus, nous avons réalisé des œuvres sociales. On a installé une machine à écraser le manioc, une machine à décortiquer l'arachide, puis nous avons versé aux femmes du groupement une petite indemnité. Certaines ont ouvert des boutiques, d'autres ont acheté des parcelles et d'autres encore ont acquis des véhicules pour l'acheminement de la marchandise car nous sommes dans une zone difficile d'accès", a longuement expliqué Béatrice Mpambou.

Une réalité que Marcel Nkouka, chef de secteur agricole, connaît bien. « A Boko Songho, nous avons un terreau inestimable mais c'est l'acheminement de la marchandise qui est un véritable casse-tête chinois à cause du mauvais état de la route", a-t-il fait savoir, lui dont le travail consiste à encadrer, conseiller, accompagner et élaborer les documents administratifs des agriculteurs."   Malheureusement, je suis seul à travailler dans ce grand district, ce qui fait que quand je suis absent tout est arrêté ", a-t-il regretté.

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Eugénie Nguimbi et Béatrice Mpambou en pleine vente/Adiac

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