Santé publique : le Pr Alain Assounga préconise un bilan rénal pour les hypertendus et les diabétiques

Mercredi 23 Juillet 2014 - 15:25

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Le néphrologue congolais a fait cette invite à l’occasion de l’opération porte ouverte qu’il a organisée le 22 juillet à Brazzaville en faveur de ses collègues médecins, des patients et des journalistes qui ont visité les installations de la structure qu’il a mise en place dans la capitale congolaise

Pour répondre à l’appel du gouvernement congolais visant à développer la médecine en 2012, consacré Année de la santé, le Pr Alain Guy Honoré Assounga a ouvert depuis quelques mois un centre de traitement de l’insuffisance rénale chronique terminale, c’est-à-dire l’hémodialyse et la dialyse péritonéale. Il déplore que l’insuffisance rénale soit une maladie méconnue du public congolais. « Souvent, chez les diabétiques et les hypertendus, les reins se dégradent petit à petit sans qu’on le sache. Il y existe des traitements qui permettent de retarder ces problèmes dans les deux tiers des cas. Quand on est hypertendu ou diabétique, il faut pratiquer un dépistage de l’état rénal afin de pouvoir suivre le malade avant qu’il n’arrive en dialyse. Tout malade hypertendu, tout diabétique doit chaque année faire un bilan rénal pour savoir où il en est parce qu’il y a des traitements qui permettent de retarder la progression vers l’insuffisance rénale, et même peut-être d’améliorer le rein qui a commencé à perdre ses fonctions », a insisté Alain Guy Honoré Assounga.

Selon lui, la dialyse nécessite une structure spécialisée. Il a justifié l’installation de cette structure par le fait que le Congo ne disposait pas à l’heure actuelle d’un centre public, le but étant de faire baisser les coûts exorbitants des évacuations sanitaires des Congolais vers l’étranger. « C’est pour cela qu’à l’occasion de l’année où il fallait que tout un chacun puisse contribuer au développement de la médecine, comme c’est notre spécialité, nous nous sommes dit qu’il fallait faire quelque chose pour aider les patients. Je suis informé qu’un projet est en cours pour élargir la dialyse au niveau du pays dans les grandes structures, mais en attendant, nous avons estimé que les malades ne pouvaient pas attendre », a-t-il expliqué.

Dans cette perspective, le spécialiste congolais a acquis un équipement de dialyse mobile, permettant de soigner les malades hospitalisés à Brazzaville. Si par exemple, a-t-il indiqué, un malade est hospitalisé au CHU, à l’hôpital militaire ou dans un service de réanimation, il est sous respirateur et il est difficile de le déplacer. « Avec la nouvelle machine que nous avons acquise, nous pouvons nous déplacer pour offrir la dialyse dans tous les centres où le malade ne peut pas se déplacer, en complément donc du traitement du malade dans ce centre-là », a-t-il poursuivi.

Manifestations de l’insuffisance rénale

L’insuffisance rénale se manifeste, entre autres, par des troubles digestifs (le malade n’arrive plus à manger), des vomissements et des nausées. Ne pouvant plus s’alimenter, le malade s’affaiblit. Le patient n’arrive pas à uriner correctement et les déchets, comme l’eau, s’accumulent dans l’organisme. « Lorsque les reins sont bloqués, l'eau contenue dans le corps peut, par exemple, infiltrer les poumons et causer l'étouffement du patient », a expliqué le Pr Assounga.

L’insuffisance rénale peut également être à l’origine d’un arrêt cardiaque, par surcharge en potassium sanguin. L’organisme est empoisonné par les toxines qui ne sont pas éliminées. « Le rôle du rein est d’épurer le sang. Si le rein faillit, toutes les toxines empoisonnent le corps, et tous les organes sont atteints. La dialyse a pour rôle d’enlever les toxines pour que le rein retrouve ses fonctions normales. En général, quand on commence la dialyse au bout de deux, trois, quatre séances au maximum, le malade peut déjà sentir mieux », a conclu le néphrologue congolais qui dirige également un autre centre à Durban, en Afrique du Sud.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Le professeur Alain Guy Honoré Assounga (© DR).