Mayama : Michel Bouboutou Mampouya : « Les populations vivent en paix dans le département du Pool »

Samedi 17 Septembre 2016 - 17:00

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A l'invitation du président du Conseil départemental du Pool, Michel Bouboutou Mampouya, une équipe des Dépêches de Brazzavile a séjourné, le 15 septembre, dans le district de  Mayama pour se rendre compte du quotidien des habitants de cette localité.

Bernard N'Doulou, Sous Préfet du district de MayamaNous sommes arrivés à  Mayama le 15 septembre, par route, une semaine après la descente de l’armée effectuée à la suite des informations faisant état de la présence du Pasteur Ntumi. Au travers d'une bretelle carrossable de 12 km, Mayama s'est offerte à nous dans le bas-fond d’entre les  montagnes. Dès l’entrée dans les premiers villages, nous avons commencé à recueillir des témoignages: « Nous nous portons bien et menons notre vie de façon paisible au rythme habituel. Cependant, ayant pour voisin le Pasteur Ntumi, nous avons été inquiétés le samedi 9 septembre. Comme nous sommes à l’entrée de la ville, nous avons été les premiers à être victimes  des fouilles des maisons. Mes cinq enfants qui s’étaient cachés dans la case n’ont pas été violentés », nous dit une habitante.

Plus loin, après la traversée de la rivière Loukouangou, sur la rive droite se dresse le domicile du Pasteur Ntumi. Dans un enclos de trois maisons d’habitation avec un probable atelier multitâches. La demeure est visiblement à l’abandon. De loin, on y aperçoit des portes entrouvertes,  A chaque recoin, des pans de tissus de couleur mauve sont suspendus, symbolisant sans doute les attaches "réligieuses" des Ninjas. Des charpentes métalliques rouges, de lits superposés sont stockés dans la cour. Deux véhicules y sont garés. L’un est aux couleurs " vert-blanc" des transports Brazzavillois. L’autre 4x4 présente une portière ouverte du  côté  du chauffeur. Impossible de se faire une idée exacte d'éventuels dégâts matériels que l'on pourrait imputer au passage des militaires, le samedi 9 septembre.

Juste en face de la résidence, des habitations de fortune et, renseignements pris, il s’agirait de cases préfabriquées pour loger les adeptes de Ntumi:  « Ils sont venus de partout pour être au plus près de leur leader. Plus personne ne vit là après l’opération militaire du 9 septembre dernier », nous dit-on.

A quelques centaines de mètres de la résidence du Pasteur Ntumi, Jacques Bamana, chef de bloc du quartier N°1, l’une des personnes ayant vécu la scène du 9 septembre, témoigne: « Nous avons été surpris par le ballet aérien suivi de la présence au sol des troupes armées. Les militaires  ont voulu que je leur confirme que j’étais l’indicateur des Ninjas. J’ai nié mon appartenance à ce groupe. Ils ont continué à m'interroger . Quelques temps après, à mes côtés, j’ai reconnu le chef du quartier à qui on a fait subir le même interrogatoire. Lui également a été catégorique en précisant que nous étions des voisins des personnes recherchées mais avec qui nous ne sommes liés d’aucune manière".

Pour les Ninjas sortis des forêts depuis le mois de  mai, c’est l’incompréhension qui est à l'origine de ces folles rumeurs.  Ils confirment leur attachement  au Pasteur Ntumi. « Mes pensées sont orientées vers  tous les jeunes qui sont encore dans la forêt et qui souffrent de la traque qui leur est imposée». Le Ninja, repenti comme bien d'autres dans la localité, reconnaît l’autorité de l’Etat; mais dénonce, avec véhémence, les rapports erronés  qui parviendraient, selon lui, au président de la République. « Nous sommes des filles et fils  de ce pays et nous aspirons à la paix. Mais je pense que ce sont  les conseillers  qui brossent une autre situation au Président Denis Sassou N’Guesso . Nous souffrons. Que nos prières soient entendues pour qu’une paix durable habite les descendants de Ta Kongo et tous les habitants du Congo. Que tous ces jeunes cachés  dans les forêts gagnent leur vie en travaillant loyalement ».

De son côté, le sous-préfet de Mayama, Bernard N’Doulou, en poste depuis le début de l’année déclare que  les journalistes, si friands de détails, tardent parfois  à venir à la source. « Je suis prêt à recevoir toutes les formes de presse pour leur donner les informations officielles », a-t-il  confié.  « A Mayama , il ne se passe rien. Le district est en paix et  les populations vaquent librement à leurs occupations ».

Abordant le point sur  la descente militaire dans le Pool, le 9 septembre, il a  précisé  qu’il s’agisssait  d’une opération de police relevant des recherches judiciaires et destinée à retrouver le Pasteur Ntumi et deux de ses acolytes. « Autrement, sur la cohabitation armée-ex miliciens et population, nous n’avons  rien à déplorer . Aucun débordement;  en dehors des exactions qui relèvent du fait du banditisme et nous les condamnons »

Pour sa part, le président du Conseil départemental du Pool, Michel Bouboutou Mampouya, a insisté sur  la nécessité de la réinsertin des ex-combattants:« A l’image de Mayama, tout le département est en paix. Il nous revient de mieux assurer la réinsertion de nos enfants non pas en leur offrant des brouettes et des sommes d’argent mais, en nous inspirant des modèles du Rwanda ou de la  Colombie. Ce sont nos enfants. Apprenons à vivre avec eux. Ne les entrainons pas à une insurrection attisée par les fausses rumeurs » , a-t-il conclu.Arthur Nkala Missamou, Ninja

District de Mayama

Situé à 85 Km de Brazzaville, la ville capitale, le district de Mayama est le deuxième plus vieux district de la République, après celui de Loudima. Il fut fondé le 27 août 1900 et sa population actuelle est de 4000 habitants environ.  Il est composé de vingt comités de villages et de quatre comités de quartiers que compte le district de Mayama.

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Bernard N'Doulou, Sous Préfet du district de Mayama Photo : Arthur Nkala Missamou, Ninja Crédit photos : Marie Alfred Ngoma

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