Clément Mouamba face aux députés: "ce que fait Ntoumi dans le Pool, c'est du terrorisme"Samedi 22 Octobre 2016 - 13:15 « Assassinats, braquages, vols, viols, enrôlements d’enfants soldats, tueries aveugles, intimidations, attaques d’objectifs sensibles, enlèvements et séquestrations des jeunes, dégradations de biens, incendies volontaires, déplacements forcés des populations, suivis du pillage systématique de leurs biens, entraves à la libre circulation des personnes et des biens, menaces d’attaques des infrastructures et des localités ». Ces actes perpétrés par les miliciens ninjas-nsiloulou dans le département du Pool, depuis leurs attaques sur les quartiers sud de Brazzaville, le 4 avril dernier, ont été égrenés par le Premier Ministre, chef du gouvernement, devant les députés lors de la séance de question d’actualité initiée par l’Assemblée nationale, le 20 octobre. Actes terroristes patents, Clément Mouamba l’a rappelé durant son intervention, invitant par ailleurs les élus députés à s’abstenir de toute « manipulation grossière » au regard de cette situation d’une gravité avérée. Mélange des genres Face à la crise qui sévit dans le Pool, des voix s’élèvent de plus en plus pour appeler le gouvernement à prendre ses responsabilités afin d’épargner les souffrances aux populations vouées à l’errance. D’après les chiffres communiqués par le Premier ministre aux parlementaires, quelque 7500 personnes sont aujourd’hui sans-abri du fait de ces violences. Au nombre de ceux qui commentent les événements du Pool se trouvent les dirigeants des partis politiques et associations, ainsi que les représentants de la société civile. Mais il y a aussi les hommes d’église. A l’issue de la 45è assemblée plénière de la Conférence épiscopale du Congo, le 16 octobre, les évêques ont en effet publié un message, dont la teneur peut prêter à confusion, sinon ressembler à une prise de position en faveur d’un camp, en particulier celui des rebelles. Voici, en effet, un extrait de ce message sous-titré « Aux hommes politiques » consacré à la situation dans le Pool : « La raison d’être du pouvoir politique, dans toutes les sociétés humaines, est l’établissement de l’équilibre nécessaire entre l’ordre social et la liberté individuelle ; car l’obéissance individuelle à la loi de la cité est conditionnée par la capacité du pouvoir de l’Etat d’assurer la sécurité de chacun et de tous. Et la légitimité d’un pouvoir politique se vérifie par le niveau et la qualité d’une paix sociale pérenne. Aujourd’hui la paix est menacée dans notre pays à cause de l’absence d’un dialogue national sans exclusive, de l’utilisation de la force publique pour résoudre les différends politiques, de l’emprisonnement sans procès de certains acteurs politiques, des groupes armés dans le département du Pool (comme les ninjas-nsiloulou) ». Un peu comme si les auteurs de l’épitre suggéraient que chaque Congolais pouvait en fait se dresser contre l’ordre établi car l’Etat, aujourd’hui, ne garantit rien à personne. L’introuvable équité Biaiser de cette manière-là une situation aussi dramatique revient à réduire la notion de liberté dans un pays à la prééminence des intérêts des opérateurs politiques sur les autres citoyens qui composent la cité. A savoir que chaque fois que l’un d’eux se lèvera dans un coin avec armes à la main, les crimes découlant de ses errements ne compteront pas. Dans ce message des évêques qui se veut pédagogique et de portée générale, aucune ligne ne condamne les exactions perpétrées par les miliciens du pasteur Ntoumi dans le Pool, mais aucune non plus ne relève les peines qu’endurent les populations prises en otage, dont le nombre est en perpétuelle augmentation. En tout état de cause, le message des Evêques dans une sorte d’éloge à la paix interpelle de façon pertinente « les enfants et les jeunes », « les familles », « les chrétiens et les musulmans », « les hommes politiques », « les acteurs des médias », « les forces de l’ordre », ainsi que « les femmes et les hommes de bonne volonté ». Il n’interpelle pas les ninjas-nsiloulou, ni leur meneur, Ntoumi, qui ont pris les armes et tirent sur leurs compatriotes sans raison. Cela ruine son opportunité et lui ôte son onction d’équité. Entre nous. Les Dépêches de Brazzaville Notification:Non |