Éducation : l’Unesco préconise une évolution des pratiques fiscales pour financer l’éducation dans les pays en développement

Mercredi 16 Avril 2014 - 13:39

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Un rapport de l’Unesco suggère que le financement de l’éducation doit passer par une évolution des pratiques fiscales dans les pays en développement. La lutte contre l’évasion fiscale devrait être un des piliers de la réforme

Le rapport préconise que l’éducation dans les pays pauvres ou en développement passe par l’augmentation des recettes fiscales. Le rapport indique que si les gouvernements de soixante-sept pays à revenu faible et intermédiaire augmentaient légèrement leur effort fiscal et consacraient un cinquième de celui-ci à l’éducation, 153 milliards de dollars pourraient être débloqués et dédiés à l’éducation en 2015.

Plusieurs pays ont en effet connu une croissance économique plus importante sans que les bénéfices en aient été équitablement répartis, et l’éducation en a pâti. Le rapport cite l’exemple du Nigéria dont l’économie a augmenté d’au moins 5% par an depuis 2003, mais dont le taux net de scolarisation a chuté, passant de 61% en 1999 à 58% en 2010.

La lutte contre l’évasion fiscale, une source de financement de l’éducation

La lutte contre l’évasion fiscale pourrait financer l’éducation dans les pays du Sud. Pour l’Unesco, il est vital de mettre en place une nouvelle fiscalité et des politiques budgétaires permettant à tous d’avoir accès à l’éducation. Le rapport précise que les gouvernements devraient au moins consacrer 6% de leur produit national brut (PNB) à l’éducation. Ils devraient aussi dédier 20% de leur budget global à l’éducation. Ces cibles devraient être inscrites dans les Objectifs du millénaire pour l’éducation après 2015.

Plus problématique encore, le rapport montre que les impôts collectés sont souvent insignifiants, et l’éducation en est la première victime. À titre de comparaison, alors que les recettes fiscales des pays à revenu élevé, principalement en Amérique du Nord et en Europe occidentale, ont représenté 27 % du PNB en 2011, celles de l’Afrique subsaharienne n’ont représenté que 18 % du PNB.

Selon le rapport, les pays à faibles revenus se privent souvent des recettes de l’impôt sur les sociétés, en accordant des exonérations fiscales. « Dans une grande partie de l’Afrique subsaharienne, elles peuvent représenter l’équivalent de 5 % du PNB. En Tanzanie par exemple, les exonérations fiscales représentaient l’équivalent de 4 % du PNB entre 2005 et 2006 et entre 2007 et 2008. Si ces impôts avaient été collectés, ils auraient procuré 40% de ressources supplémentaires pour l’éducation », détaille le rapport.

L’évasion fiscale est également l’une des raisons qui expliquent les faibles montants alloués à l’éducation. Le « Tax Justice Network » estime qu’entre 21 trillions et 32 trillions de dollars sont dissimulés par des particuliers dans les paradis fiscaux. Selon l’ONG Oxfam, les pays du Sud sont les principales victimes des flux financiers illicites. Elle appelle au renforcement des administrations fiscales des pays du Sud, dont la taxation à 30% de la plus-value de capitaux générerait des recettes de l’ordre de 190 milliards de dollars par an. Selon le Tax Justice Network, si 20% de ces recettes étaient affectées à l’éducation, cela renforcerait le financement du secteur d’un montant compris entre 38 milliards et 56 milliards de dollars.

Noël Ndong