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Et le golfe de Guinée s’imposa …

Samedi 24 Février 2024 - 19:13

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Il ne fait plus aucun doute que la crise profonde qui déstabilise aujourd’hui le Proche et le Moyen-Orient du fait de la guerre qui oppose les Israéliens aux Palestiniens, aux Iraniens et de façon plus large à l’ensemble du monde arabe provoquera inexorablement, à plus ou moins court terme, la fermeture du canal de Suez et du détroit d’Ormuz par où passe une part essentielle du commerce mondial. Prévisible depuis longtemps – nous l’avons annoncé ici même à maintes reprises ces dernières décennies –, ce mouvement historique bouleverse la sphère des échanges entre les cinq continents de la planète. Et il confère au golfe de Guinée une importance majeure du fait que la plupart des grands navires sont désormais contraints de l’emprunter pour approvisionner l’Europe ainsi que les deux Amériques en matières premières au cœur desquelles figurent en bonne, très bonne place, le pétrole et le gaz.

Deux problèmes très stratégiques vont devoir être résolus dans les semaines et les mois à venir si l’on veut que ce transfert se déroule sans provoquer une crise économique mondiale majeure : le premier concerne les menaces que font  peser sur la navigation les pirates plus ou moins puissants qui sont de plus en plus présents sur les rives du golfe ; le second est directement lié au dérèglement climatique qui génère la fonte des glaces du pôle Sud, provoque de ce fait une forte hausse du niveau des océans et commence à frapper de ce fait tous les grands ports de cette partie du monde. Si des mesures efficaces ne sont pas prises très rapidement afin de résoudre ces deux problèmes, l’on peut être certain que l’instabilité générée par chacun d’eux aggravera fortement au lieu de la résoudre l’instabilité de ces routes maritimes qui seront devenues incontournables du fait de la fermeture plus ou moins définitive de la mer Rouge.

Dans ce contexte très stratégique, seule la coordination des nations de l’Afrique du Sud, de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest permettra, dans les années et les décennies à venir, de protéger la voie par où passe désormais la quasi-totalité des échanges entre les cinq continents. Une évidence politique et diplomatique qui devra se concrétiser rapidement par l’organisation d’un sommet africain rassemblant la vingtaine d’Etats directement concernés par la mise en place d’un système de sécurité efficace et garantissant aux navires le passage dans cette partie du monde mais permettant aussi aux ports l’adaptation de leurs structures que menace aujourd’hui la montée brutale des océans.

Il va de soi, dans ce contexte historique, que le Congo peut et doit jouer un rôle clé comme le prouve la modernisation spectaculaire du port de Pointe-Noire réalisée ces dix dernières années. Autrement dit, faire en sorte que le sommet dont il est ici question s’y tienne dans les mois à venir tout comme cela vient de se faire à Brazzaville, lors de la conférence des trois grands bassins fluviaux de la planète.

Nous sommes en réalité loin, très loin du rêve. En plein dans l’actualité brutale du temps présent.

Jean-Paul Pigasse

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