Décadence ?

Au lendemain de la garde à vue de leur ancien président, la France et les Français ont-ils conscience de l’image dégradée qu’ils projettent de leur pays ? Prennent-ils la mesure de l’atteinte qu’ils portent à la stature internationale d’une nation qui figura longtemps parmi les plus influentes du globe ? Vont-ils se réveiller avant de se trouver relégués par leurs propres excès à l’arrière plan de la scène mondiale ?

Que les accusations portées contre  Nicolas Sarkozy soient justifiées ou non, la brutalité avec laquelle l’ancien chef de l’État a été traité par les juges chargés d’enquêter et, plus encore, la médiatisation extrême qui a entouré sa mise en examen contribuent à la dégradation d’une fonction essentielle qui est celle de la plus haute autorité de l’État. Déjà fortement écornée  par l’image qui tourna en boucle sur tous les grands médias de l’actuel président François Hollande chevauchant un scooter, la tête protégée par un casque, afin de rendre visite à sa petite amie à deux pas du Palais de l’Élysée, la vision de son prédécesseur épuisé au sortir de dix-sept heures d’interrogatoire dans les locaux de la police judiciaire à Paris ne peut que dégrader encore un peu plus l’idée que les peuples amis de la France se font d’elle.

Que la justice, dans un pays démocratique, ait le pouvoir de mener librement ses investigations jusqu’au plus haut niveau de l’État n’a rien qui puisse choquer. Mais que cette même justice mette en scène, pour d’obscures raisons sur lesquelles il convient de s’interroger, l’interpellation puis la mise en examen d’un homme qui dirigea la France, bien ou mal peu importe, cinq années durant, ne peut qu’accélérer la perte de crédibilité de ses institutions aux yeux de la communauté internationale. Que ceux qui en doutent viennent sur le terrain, en Afrique et ailleurs, constater les effets dévastateurs d’un tel comportement ;  ils seront édifiés.

Une chose en tout cas est certaine : si la France continue de se donner en spectacle comme elle le fait sans tenir aucun compte du regard que le monde extérieur porte sur elle, elle se trouvera tôt ou tard reléguée au second plan et perdra sa crédibilité au plan international. Un drame dont elle ne se remettra pas.