Paris : les investisseurs français en Afrique tiennent leur Forum

Mercredi 21 Janvier 2015 - 10:15

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La Chambre de commerce international de Paris a accueilli le 20 janvier, un Forum dédié aux investissements français sur le continent, à l’occasion de la publication, en partenariat avec le Moniteur du commerce international (MOCI), de l’édition 2015 du rapport du Conseil français des Investisseurs en Afrique (CIAN). Un millier de personnes se sont pressées pour réfléchir et faire du réseautage sur le thème « les nouveaux acteurs en Afrique : concurrents ou partenaires ? »

Deuxième zone de croissance mondiale,  nouvelle terre de production,  émergence de géants africains et d’une classe moyenne, retour sur investissements élevés…l’Afrique suscite une nouvelle vague d’afroptimisme et aiguise les appétits des investisseurs français mais également de nouveaux entrants tels la Chine, la Turquie ou le Brésil. Ceux-ci sont venus bousculer les français sur un terrain qu’ils considéraient conquis et les entrepreneurs de l’hexagone soutenus par la force publique de leur pays se mobilisent pour la reconquête.

L'État français au secours de ses entreprises 

« La France doit faire un effort pour que les élites africaines continuent de nous préférer» ou encore « la France n’est plus en terrain conquis en Afrique », tels sont les messages qui ont été répétés au cours du Forum.
Afin d’atteindre l’objectif de doublement des exportations françaises vers le continent en cinq ans, le réseau des conseillers économiques en ambassade va être densifié dans les prochaines années. L’Afrique est la seule zone qui va connaître une expansion des effectifs : le bureau du Mozambique sera rouvert, les bureaux en Angola et en Tanzanie seront renforcés.  L’Agence française de développement va engager 20 milliards d'euros supplémentaires avec un objectif d’influence économique.  70% des budgets de l’aide liée (prêts du trésor français pour des projets d’infrastructure contre achat de biens et de services hexagonaux) seront consacrés à l’Afrique pour une enveloppe budgétaire de 240 millions d’euros. La Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface), agence spécialisée dans l'assurance-crédit à l' exportation, consacrera un budget de 8 milliards d’euros de crédits pour les opérations destinées à l’Afrique subsaharienne. Parmi les autres mesures de soutien de l’État français aux entreprises dans leur démarche de gains de part de marché en Afrique, il existe également des modalités de prêts à long terme et à court terme, d’avances sur règlement des factures, d’interventions en fonds propres, des opérations de financement avec les banques françaises, la Banque publique d'investissement (BPIFrance), organisme de financement et de développement des  PME aide ces dernières à adapter leurs produits au marché africain…de quoi faire des envieux sur le continent dont les gouvernements se voient souvent sermonner pour leur part, à coup de principes d’orthodoxie capitaliste libérale stricte, selon laquelle toute intervention de l’État pour réguler la « main invisible du marché » serait jugée malvenue.

Les diasporas africaines, un atout stratégique pour la France ?

Pour Elie Ngamkeu, président du Club efficience, qui publie tous les deux ans un Gotha noir de France, les « afro-français » déjà formés par la France et compétents, possèdent un réseau familial pouvant aider les entreprises hexagonales à gagner des parts de marché. Ils sont de plus les meilleurs ambassadeurs de la France en Afrique.
Un message porté par les rapporteurs français à l'origine de la création de la Fondation pour la croissance en Afrique. Annoncée lors du sommet Afrique-France de 2013, celle-ci sera lancée officiellement le 6 février prochain. Deux programmes, dotés d’un budget de 3 millions d’euros, débuteront sous l’égide de la Fondation en 2015, en partenariat avec le CIAN, avec pour objectif la détection d’élites africaines et la mise en place de formations diplômantes (New Campus et New Leaders).
Enfin, la diaspora fédère les moyens financiers. Pour casser l’image misérabiliste véhiculée dans l’inconscient collectif « du Nord », un paneliste, homme d’affaires français opérant en Afrique, faisait observer que la diaspora somalienne envoyait vers son pays d’origine un milliard d’euros chaque année, essentiellement pour la subsistance de leurs familles, mais dont une partie est disponible à l’investissement.

Le Forum Afrique constitue un prélude au prochain grand raout destiné à célébrer l’appétence retrouvée de la France pour le continent dans le domaine économique, avec la tenue le 6 février du «Forum franco-africain pour la croissance», convoqué par le président français, François Hollande, en partenariat avec l’organisation patronale française, le Medef international.

Rose-Marie Bouboutou

Légendes et crédits photo : 

De gauche à droite : Yves Robert, Responsable de l’Africa Desk du cabinet Fidal, Nicole Notat, PDG de Vigeo, le modérateur Jean-Maurice Potier, Journaliste de LCI, Thomas Samuel, PDG et Fondateur de Sunna Design, Franck Legré, Directeur Général Afrique d’Air France – KLM, le congolais Patrice Passy, Directeur Associé de DB Conseils (©ADIAC)