Diplomatie/Démocratie : la France a aussi ses problèmesJeudi 29 Octobre 2015 - 15:30 Les Africains regardent toujours passionnément vers Paris, attendant un bout de phrase, ou quelque chose comme ça, de la part des autorités de l’Hexagone lorsqu’ils peinent à trouver des solutions aux problèmes qui se posent à leur pays. Comme si la France n’avait pas elle-même ses propres soucis. C’est pourtant souvent le cas comme l’indiquent les visites controversées, ces dernières vingt-quatre heures, de personnalités françaises chez Vladimir Poutine, en Russie, et chez Bachar-al Assad, en Syrie. Alors que les relations entre Paris et Moscou sont froides depuis plusieurs mois, notamment du fait du conflit ukrainien, la visite ce jeudi, de l’ancien président Nicolas Sarkozy au chef de l’État russe, Vladimir Poutine, n’est pas le signe d’une bonne santé de la politique intérieure française. L’échéance de 2017, année de la prochaine présidentielle, y est peut-être pour quelque chose dans la mesure où l’ex-président français fait les pieds et les mains pour « revenir » à l’Élysée et que François Hollande, qui voit la croissance reprendre lentement, l’espère sur la durée pour rempiler. Il avait en effet déclaré ne prendre un nouveau ticket pour l’Élysée qu’au cas où le chômage baisserait. La légère relance de l’économie française peut être un motif d’espoir pour l’éventuel futur candidat sortant. D’un certain point de vue, le déplacement du président des "Républicains" français au Kremlin, à l’heure où la Russie occupe une place de choix dans la laborieuse résolution de la crise syrienne se situe dans une sorte de relance du partenariat Paris-Moscou. Au cas où. Question de réconcilier la France avec un partenaire dont tous les choix en matière de politique internationale ne sont pas toujours aussi mauvais que cela ; question aussi, et c’est ici qu’intervient la rivalité dans la course pour 2017, de montrer que la politique extérieure de la France a parfois marqué le pas et même échoué. Pour en parler, il faut considérer deux crises majeures des temps présents : la crise ukrainienne et la crise syrienne. Deux visions diamétralement opposées caractérisent la lecture que Paris et Moscou font de ces conflits. Aussitôt après l’éclatement des manifestations en Ukraine, contre le président Viktor Ianoukovicth, la France, ainsi que la plupart des pays occidentaux avaient apporté leur soutien à l’opposition. Considéré comme trop proche de la Russie, ce dernier avait fini par être chassé du pouvoir. Son successeur, Pétro Porochenko, a toutes les faveurs de l’Union européenne et des États-Unis, même s’il n’est pas toujours parvenu à stabiliser la crise. Mais la méfiance à l’égard de Moscou tient aussi à l’annexion de la Crimée par les Russes en 2014. Elle a justifié la résiliation par la France du contrat d’achat des navires Mistral signé avec la Russie. Peut-être que s’il était en fonction, Nicolas Sarkozy aurait traité cette question autrement. Il en est de même du conflit syrien. La position de la France, exprimée aux premières heures de son éclatement, en 2011, était de faire partir Bachar-al Assad. Paris misait alors sur une opposition « modérée » pour arriver à ses fins. Le terrain a vite été occupé par des djihadistes qui font dans la démesure en termes de destruction des vies humaines et du patrimoine mémoriel de l’humanité. Dans une région proche-orientale aussi trouble, les solutions ne viennent pas facilement. Après avoir observé pendant quatre ans l’évolution de cette crise et l’enlisement de la coalition anti-État islamique, la Russie a décidé ouvertement de venir en aide à son allié syrien. Pour elle, le président Assad fait partie de la solution. Ce que rejettent les capitales occidentales, pour qui cet homme n’a plus sa place à la tête d’un pays qu’il a contribué à détruire pendant cinq ans. Même s’ils ne donnent pas raison à ceux qui pensent au rôle que peut jouer Bachar-al Assad dans la sortie de crise, la présence, mercredi 28 octobre, à Damas, de trois parlementaires de la Droite française exprime sans doute l’exaspération d’une partie de l’opinion française à l’égard des choix de politique étrangère de leur pays sur des questions aussi complexes que sensibles. Ce qui est bon évidemment, c’est que les grandes diplomaties savent se ressaisir. La diplomatie française est parmi les plus grandes du monde. Elle saura tirer son épingle du jeu. Gankama N'Siah Notification:Non |