Pointe-Noire : la vente de denrées alimentaires et de divers produits devant la parcelle d’habitation se généralise

Mercredi 29 Janvier 2014 - 15:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Cette pratique est devenue aujourd’hui incontournable parmi celles qui participent à l’accroissement du revenu dans de nombreux ménages. Et à Pointe-Noire, elle prend de plus en plus de l’ampleur car pour de nombreux ménages, ce petit commerce informel permet de « joindre les deux bouts »

Il est donc difficile de circuler dans les quartiers populaires de la ville océane et de passer devant deux à trois parcelles sans voir étalés sur une petite tablette installée pour la cause, des produits comme des fruits et légumes, du riz, des allumettes, du pain, du charbon, du poisson, des safou, du manioc, et autres. « Cette pratique est très importante pour les ménages, car elle permet d’adoucir des tensions de trésorerie et permet aussi aux femmes non occupées par un quelconque boulot d’exercer là où l’on dort, tout en complétant l’argent de la popote afin de joindre les deux bouts. Un salaire unique ne permet pas de couvrir tous les besoins du ménage », a déclaré une ménagère habitant le quartier Km4, à sa table devant sa parcelle d'habitation et proposant divers produits.

En plus du fait que cette pratique brise l’inactivisme de certaines femmes au foyer, elle permet aussi de les intégrer socio-économiquement en participant véritablement à l’élargissement des sources de revenus dans le ménage. À Pointe-Noire, il n’y pas que des femmes qui s'adonnent à ce petit commerce informel, il y a aussi des hommes, fonctionnaires ou pas, également nombreux dans cette pratique. Après le boulot, ils restent devant leurs parcelles d’habitation jusqu’à une heure tardive de la nuit à vendre soit du pétrole lampant au détail, soit du pain au beurre, soit quelques fournitures scolaires et autres. Ils le font, non pas pour perdre leur temps, comme le disent certains, mais plutôt pour couvrir d’autres besoins que le salaire n’a pas pris en compte.

Cette pratique devenue monnaie courante dans tous les ménages ponténégrins, est un élément important dans la création de multiples sources de revenus. Il y a aussi des femmes fonctionnaires, qui de plus en plus emboîtent le pas, car il faut les voir après le travail, devant leurs parcelles d’habitation en train de vendre soit de la friperie, soit des boîtes de conserve et toutes sortes de légumes. Et cela permet à d’autres ménagères, lorsqu’elles veulent aller faire le marché dans un autre quartier, de rester dans leur quartier, ce qu’elles appellent communément par « zando ya quartier ».

Même si cette pratique participe à l’intégration socio-économique des ménages et adoucit les tensions de trésorerie, il y a un côté négatif. « Lorsque cette pratique prend de l’ampleur dans les ménages, elle participe à la thésaurisation. Car il est rare qu’une ménagère qui a amassé assez d’argent dans ce petit commerce des denrées alimentaires devant sa parcelle d’habitation, puisse s’adresser à une banque pour ouvrir un compte, elle préfère le garder chez elle », nous a confié un économiste travaillant dans une banque de la place.

Toutefois, le constat est que ce petit commerce informel est aujourd’hui vu comme une porte de sortie pour tous, car il rend d’énormes services dans les foyers. Il permet aussi de régler des imprévus en terme d’argent et de faire face à de nombreuses sollicitations de la famille, proche et élargie.

 

Faustin Akono

Légendes et crédits photo : 

La ménagère à côté de ses trois tablettes de safou, de farine de manioc et de riz, devant sa parcelle d'habitation. / Photo Adiac