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De guerre lasse!

Dimanche 10 Juillet 2022 - 13:36

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Pour les militaires maliens, au pouvoir depuis bientôt deux ans, comme pour les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest-Cédéao-, le soulagement est partagé. La levée, le 3 juillet, des sanctions économiques et financières imposées à Bamako à la suite du coup d’Etat du 18 août 2020, suivi d’une récidive, le 24 mai 2021, met un terme à un bras de fer devenu vicieux pour les deux parties.

D’une part, l’organisation sous-régionale rejetant toute idée de voir le gouvernement de transition prendre plus de temps que prévu restait ferme sur sa position ; de l’autre l’exécutif militaire malien adoubé par des civils intransigeants, ne fléchissait pas sa volonté de suivre sa propre marche. Il en résulta un dialogue de sourds tentaculaire aux répercussions bien au-delà de la seule région ouest-africaine affectée, par ailleurs, par l’activité des groupes djihadistes.

La détérioration des relations entre le Mali et la France, alliés de longue date, a beaucoup puisé dans l’incertitude créée par l’irruption des militaires dans la vie politique du premier pays, mais sans doute aussi dans la forte pression exercée par le second sur un régime en quête de légitimité. Il lui en a voulu en quelque sorte de l’importuner sans fin. Mais Paris et Bamako n’ayant pas rompu leurs relations diplomatiques, le calendrier préélectoral du Mali validé par l’Afrique de l’Ouest pourrait rapprocher les vues entre les deux pays.

Il restera l’application par les Maliens du programme des deux prochaines années évoqué plus haut. On y retient que l’élection présidentielle aura lieu en février 2024, avec deux précédents rendez-vous importants l’année prochaine, notamment le référendum constitutionnel, en mars, et les élections législatives entre octobre et novembre 2023. S’ils espéraient des avancées extraordinaires dans la rénovation des institutions publiques et la reconquête de l’autorité de l’Etat pendant la transition, les militaires maliens doivent s’être rendus compte, en deux ans d’exercice, qu’il s’agit de chantiers difficilement chiffrables en termes de temps de réalisation.

Avec ce dénouement, rien n’indique cependant que toutes les appréhensions concernant la suite de la transition au Mali sont élaguées. Le pays est, en effet, toujours suspendu des instances régionales. Si la Cédéao se réjouit d’avoir enfin trouvé un terrain d’entente avec un interlocuteur sevré par les sanctions, ce dernier peut de son côté et même en silence se prévaloir d’une résilience à toute épreuve de laquelle, sans idée de jeter l’huile sur le feu, on peut dire qu’il en est sorti plutôt victorieux. Le Mali a tenu pendant deux ans sous embargo, et les autorités actuelles, en particulier le colonel Assimi Goïta pourrait être intéressé, le moment venu, de tronquer son treillis contre un trois-pièces civil pour se porter candidat à la présidentielle de février 2024.

On pourrait aussi ne pas s’étonner que tout à côté, les soldats parvenus dans les arcanes du pouvoir suprême par les mêmes estrades au Burkina Faso- là aussi la transition de vingt-quatre mois à compter du 1er juillet est actée par la Cédéao-, en viennent à concourir pour le fauteuil estimé. En cas de succès, les futurs nouveaux élus pourront devenir des homologues de leurs chers aînés présidents, tout bien considérés, de bon teint ! Il y a un temps pour la guéguerre et un temps pour la quiétude.

Gankama N'Siah

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