Opinion
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- Analyse - Xinhua
Emergez-vous !Samedi 14 Février 2015 - 11:45 Chaque chose en son temps, dit l'adage. Après de longues décennies passées à observer les autres continents prendre l'envol sur la voie du développement, l'Afrique croit désormais son heure arrivée d'aller à l'émergence. À tel point que plusieurs pays du continent rivalisent de slogans, et leurs gouvernements respectifs se mobilisent autour de cette volonté de porter leurs nations vers la prospérité. 2020, 2025, 2030 et suite, telles sont les échéances fixées dans les discours officiels pour atteindre cet objectif. Il reste que tout ceci se concrétise dans la pratique de tous les jours, tant de la part de ceux qui ont en main les destinées des pays concernés que de ceux sur qui repose, en réalité, le gros de l’effort demandé, à savoir, les forces vives, les peuples travailleurs. Mais c’est peut-être à ce niveau-là que se pose le problème. Et pour cause. Il suffit, en effet, d’observer comment les gens, chez nous ici, exercent dans leurs différents secteurs d’activités. Commençons par le nôtre propre, celui des médias. Bien souvent, sur les antennes de la radio et de la télévision nationales, chaînes de référence par excellence, l’heure indiquée du journal de grande écoute arrive sans que le générique de début du programme soit enclenché. Conséquence : on fait vite de zapper, de voir ailleurs, le tout assorti de points en moins pour les deux chaînes « mères » qui devaient gagner en ponctualité dans la couverture de l’actualité nationale. Passez à la station d’essence d’à côté prendre du carburant : le pompiste n’a parfois pas l’air de voir le temps passer. Soit il parlemente longuement avec un ami de passage, soit alors, il pompe le carburant en regardant ailleurs, avant de s’apercevoir qu’il vient d’occasionner quelques pertes du liquide recherché. Vous êtes au restaurant et avez fini de déjeuner ? Eh bien, la note attendra longtemps pour venir. Au début, vous-même avez mis une petite éternité pour recevoir un bout de pain. Passez en banque et attendez que la seule caissière présente sur les trois ou quatre prévues se plie en quatre pour vous aider à contenir vos nerfs. Sachez aussi les tenir devant le guichet de règlement de votre facture d’eau et d’électricité. Que dire de cet enseignant qui n’est jamais présent à son poste de travail que le temps de constater que la salle de cours a été désertée par des élèves fatigués de l’attendre ? Que dire des gosses eux-mêmes, qui ont transformé l’école en un lieu de consommation d’alcool ; de « sapelogie », et de polémiques soutenues sur le train de vie de leurs parents et de ces hommes et ces femmes chargés de leur dispenser le savoir ? Passez devant certaines administrations publiques, pour ne parler que d’elles : que font donc ces nombreux agents discutaillant à l’entrée de leurs bureaux sur des choses qui, souvent, ne sont en rien liées à leur rendement du jour ? À en croire les nations qui ont franchi le pas de l’émergence et font des envieux parmi celles qui espèrent y parvenir et même chez celles qui sont les plus industrialisées du monde, la clé du succès en la matière est le travail. À l’école, à l’hôpital, sur le chantier des BTP, dans l’agriculture et l’élevage, dans les bureaux huppés ou non, dans la moyenne et petite entreprise, dans la grande et la moyenne administration publique ou privée, rien ne remplace le travail pour accomplir des bonds en avant. Si les Congolais veulent à leur tour réussir le pari de la modernité, s'il " nous plaît", émergeons-nous individuellement et collectivement par la qualité des services que nous rendons sur nos lieux de travail. Si notre marge pour arriver à l'émergence est 2025, donc dans dix ans, rendons-nous compte qu'il reste peu de chose en termes de temps, cependant que nous peinons toujours à huiler nos mécanismes. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) |