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Faut-il redouter l'après-JO de Paris?

Samedi 20 Avril 2024 - 18:54

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Après le beau temps vient la pluie ? La formule usuelle dit le contraire : après la pluie vient le beau temps. Mais les deux opinions ne se valent-elles pas au regard des pulsions de toutes sortes observées dans les rapports entre les nations en lien avec les conflits en cours en Ukraine et à Gaza ? N’avons-nous pas le sentiment de vivre dans un monde où le recours à l’irréparable n’est plus exclu, comme si tous nous n’étions pas des êtres humains faits de chair et de sang capables d’attendrissements et de retenue ?

Revenons expressément à la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine pour évoquer les tensions croissantes entre la France et la Russie et nous projeter vers un futur proche : du 26 juillet au 11 août, Paris, la capitale française, accueillera les athlètes du monde à l’occasion des Jeux Olympiques (JO) 2024. Ces réjouissances sportives conçues depuis le baron Pierre de Coubertin pour éduquer au dépassement de soi et au vivre-ensemble se dérouleront dans un contexte international agité. Pour cela, des mesures exceptionnelles sont prises de façon à ce que la ville hôte des JO soit à la mesure de l’événement.

De tels moments festifs sont souvent l’occasion rêvée pour des groupuscules en mal de légitimité de semer le trouble dans le but de faire parler d’eux, attiser les haines, discrétiser et déstabiliser les Etats. Prenant au sérieux d’éventuelles menaces que pourraient alimenter à tort ou à raison les conflits cités en amont, les autorités françaises mettent tout en œuvre pour que rien de fâcheux ne vienne perturber le séjour parisien de leurs nombreux invités. Les attentats du 22 mars à Moscou sont encore dans toutes les mémoires et la Ville Lumière a l’obligation de rester sur ses gardes. 

De l’une chose l’autre. Chacun a pu noter les échanges de paroles serrés entre la France et la Russie. Plus que toutes les autres capitales européennes ou occidentales, Paris est de celle d’où s’exprime une forte radicalité quant à l’issue du conflit entre Kiev et Moscou. De l’envoi probable de soldats en terre ukrainienne au passage à l’économie de guerre, ou encore cette position réitérée de faire que jamais une éventuelle sortie du conflit ne soit en faveur d’une victoire de la Russie, l’Hexagone semble préparer les esprits à la confrontation « vraie ».

Dans le pays même, heureusement, des voix anti-guerre sont nombreuses parmi les politiques, les intellectuels et de hauts officiers à la retraite, un mouvement moins relayé, il faut le dire, par les canaux médiatiques comptés parmi les plus influents. Pour autant, il ne faut pas perdre de vue la menace dont tout le monde parle: la guerre nucléaire, à laquelle pourrait recourir des forces acculées sur le champ de bataille traditionnel. L’allusion aux JO de Paris vient d’un pressentiment : que l’après 11 août ne mette en évidence, de façon concrète, la remontée des tensions entre Paris et Moscou vu la forte hostilité qui les oppose aujourd’hui.

S’il s’observe que la course vers le point de non-retour est exacerbée par le conflit en Ukraine, peut-être que l’on devrait aussi interroger les enjeux de la nouvelle relation en cours entre la France et l’Afrique, d’une part, et entre la Russie et l’Afrique, d’autre part. Partenaires du continent dans plusieurs domaines, les deux puissances y gardent une influence contrariée par les vents de l’histoire, mais ces derniers temps, elles ne s’apprécient guère, l’une accusant l’autre de la torpiller et vice-versa.

Gageons que les vues développées ici ne sont que celles d’un observateur soucieux de voir des voix plus autorisées dans les chancelleries, dans les enceintes étatiques ou privées et détenant le pouvoir de dissuasion, ne pas abandonner l’idée que le monde peut vivre mieux en s’adressant la parole en soi-même. Car nous ne devons pas perdre l’espoir des lendemains meilleurs malgré la grisaille du moment.   

Gankama N'Siah

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