Gabon: réinvesti, Bongo veut tourner la page des violences post-électorales

Mercredi 28 Septembre 2016 - 13:27

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Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, a tenté de réconcilier un pays divisé par des violences post-électorales mardi en prêtant serment pour un deuxième septennat, quatre jours après la validation de sa réélection contestée par son rival Jean Ping.

"Le peuple gabonais a fait le choix de la démocratie et de l’Etat de droit (...), à travers un processus démocratique reconnu par tous, y compris par les observateurs étrangers", a affirmé dans son discours d'investiture Ali Bongo, 57 ans, après avoir prêté serment main gauche sur la Constitution, main droite levée vers le drapeau vert-jaune-bleu. "Notre pays traverse une période préoccupante de son histoire", a reconnu Ali Bongo, ayant réitéré son appel au dialogue. Un appel qui n'a reçu aucune réponse de la part de Jean Ping.

A la tête d'un pays frappé par la chute des matières premières, à commencer par le pétrole, Ali Bongo a répété les grands axes de sa politique : "égalité des chances" et une économie "émergente" à l'horizon 2025. "C’est dans ce sens que j’engagerai le gouvernement que je nommerai dans les prochains jours", a indiqué le chef de l'Etat, son porte-parole ayant parlé d'un "gouvernement d'ouverture".

Après les convulsions post-électorales, Ali Bongo a de nouveau évoqué des réformes constitutionnelles comme "des élections à deux tours" et "la limitation de la durée des mandats électifs", sous les applaudissements de l'assistance. "Je voudrais rassurer les partenaires internationaux, et en particulier nos partenaires traditionnels, que nous ne ménagerons aucun effort pour maintenir l’entente et l’amitié entre nos peuples", a lancé M. Bongo, dont la réélection a été froidement accueillie par la communauté internationale.

Quatre chefs d'Etat africains (Mali, Niger, Togo, Sao Tomé) assistaient à la prestation de serment devant les corps constitués du Gabon, ainsi que les Premiers ministres du Sénégal, Tchad, Congo, Maroc et de la Centrafrique. La France était représentée par son ambassadeur à Libreville, tout comme les Etats-Unis. "Qu'ils viennent ou pas, ça ne change rien puisque la France n'a plus de diplomatie. C'est Bruxelles qui donne le la", a commenté le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilié Bi Nze.

En fin d'après-midi, l'opposant Jean Ping a reçu les ambassadeurs de France et des Etats-Unis, ainsi que les représentants de l'Union européenne et des Nations unies, a annoncé son porte-parole. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a regretté samedi que l'examen des recours n'ait pas levé "tous les doutes" sur la réélection du président gabonais. Les observateurs électoraux de l'Union européenne ont aussi "regretté" dimanche que la Cour constitutionnelle "n'ait pas été en mesure de rectifier de manière satisfaisante les anomalies observées" lors du scrutin présidentiel du 27 août.

"Je ne crois pas qu'on puisse dire voilà, tout est fini, ça continue comme avant, c'est toujours les Bongo qui gagnent", a indiqué à l'AFP une source diplomatique du quai d'Orsay. "Il y a un très fort rejet du système Bongo, en particulier dans la jeunesse", selon cette même source. "Je ne suis pas sûr que Bongo soit en position de force politique aujourd'hui. On ne voit pas les messages de félicitations pleuvoir". 

"Il faut voir ce que va faire l'Union africaine maintenant. Nous, on n'a pas pris acte, on n'a pas pris note, on a dit que la décision de la Cour ne levait pas tous les doutes. Maintenant c'est une décision de l'Etat gabonais, on ne va pas la contester. Le Gabon reste un partenaire", conclut cette source.

 

D'après AFP

Légendes et crédits photo : 

Ali Bongo lors de la cérémonie d'investiture présidentielle (STEVE JORDAN / AFP)

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