Le Souverain pontife est-il incompris ?

Jeudi 24 Avril 2014 - 18:15

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Le Vatican rappelle que la tolérance du pape ne veut pas dire reniement de la doctrine de l’Église catholique

Le Vatican est monté au créneau jeudi pour « encadrer » le libre commentaire qui se fait des agissements et surtout des coups de téléphone du pape François. Depuis un an, le pape est passé maître dans l’art d’appeler des interlocuteurs du monde entier, soit pour répondre à leurs sollicitations particulières, soit pour apporter son réconfort à une communauté ou des individualités particulièrement éprouvées. Ainsi, il est « tombé » en pleine prière du soir dans un monastère de religieuses en Espagne (auxquelles il avait l’habitude de téléphoner du temps où il était archevêque argentin) ; il a ému un jeune garçon de la région italienne des Marches qui s’interrogeait sur le sens de la vie, sans parler de ses amis de la Curie romaine pas trop préparés à recevoir un appel informel du pape le soir…

Comme il fallait s’y attendre, ces nombreux coups de téléphone, souvent non ébruités dans l’opinion, ont fait le lit des faussaires et autres imitateurs. Ainsi, tel comédien italien contrefaisant sa voix a-t-il appelé un écrivain qui s’était montré accommodant pour les affres de la Deuxième Guerre mondiale. Ainsi aussi, tel jeune homme de Toulouse, catholique mais aussi homosexuel revendiqué, est-il venu dans les médias se vanter d’avoir reçu un coup de fil du pape argentin affirmant presque que les unions entre personnes de même sexe étaient tolérables en Église. Ici, le Vatican avait réagi avec vigueur, démentant l’existence d’une telle conversation.

Mais le pape François est un Souverain pontife qui désarçonne y compris les tenants des dogmes les plus rigides. C’est sur ce fait que les imitateurs et faussaires peuvent de temps en temps réussir à insinuer des pensées présentant un pape ramant à contre-courant rigide des dogmes et vérités jusqu’ici professées. Le porte-parole du Vatican, le père jésuite Federico Lombardi, a donc dû mettre les points sur les « i » jeudi. « Les communications téléphoniques privées du pape restent du domaine privé et n’appellent pas de commentaire du Saint-Siège. Elles n’induisent pas non plus à inférer un changement dogmatique ou doctrinal dans l’Église ». Et cela même si le pape actuel pousse à grande vitesse vers la réforme de l’Église de l’intérieur et au sommet.

« Étant donné que ces appels ne font absolument pas partie des activités publiques du pape, aucune information ou commentaire n'est à attendre du service de presse du Saint-Siège », a vigoureusement réagi le porte-parole du pape. Il réagissait plus particulièrement à une information de presse selon laquelle le Souverain pontife aurait appelé une dame divorcée argentine qu’il aurait encouragée à prendre sa communion malgré l’interdit de l’Église.

L’opinion semble courir plus vite que le pape au point que, même par bienveillance, il lui est prêté plus qu’il n’a effectivement l’intention de faire. Il y a deux semaines, une agence d’information a étonné bien des vaticanistes en … s’étonnant que le pape cite le Concile de Vatican II et condamne l’avortement. Le journaliste avait tout simplement compris que la tolérance du pape actuel allait jusqu’à juger autrement l’avortement, qui reste pour l’Église catholique un crime, et que le pape François n’a pas l’intention de changer.

Lucien Mpama