Les immortelles chansons d’Afrique : « Amen » de Babia ShokoroVendredi 15 Mars 2024 - 8:21 Avec une voix remarquable, Babia Shokoro a dominé l’attaque chant de Quartier latin. « Amen », son titre explosif qui a donné un coup de fouet à sa carrière, résiste encore aux assauts du temps. Contenue dans l’album « Magie » paru le 22 novembre 1994 en France, grâce au label Sonodisc, la chanson « Amen » fut au cœur d’un buzz retentissant malgré son positionnement à la dernière place de la face A du microsillon, référencé LP 74113. Dans la liturgie juive ou chrétienne, le vocable « Amen » signifie « qu’il en soit ainsi». Il marque la conclusion d’une prière ou une doxologie. Dans l’œuvre de Babia, il s’agit de la prière d’un jeune homme qui, malgré sa générosité, n’a rien à partager, puisque son père vit dans la souffrance et sa mère dans une pauvreté extrême. Cette situation qui le tracasse au quotidien le pousse à adresser une prière à Dieu et croit qu’il en sera ainsi. D’où le titre « Amen ». Dans sa prière, il demande le bonheur (bomengo), la sagesse (bwania) et l’intelligence (mayele). Structurée en trois parties, cette mélopée compte, dans la première, neuf fois le terme « bonheur ». « Bomengo mpo nini nalelaka na Nzambe, Eli, Eli lama saba tani, lokola Yesu na ngomba ya Golgotha, Nzambe mpo nini otiki ngai », que l'on peut approximativement traduire par : « Bonheur, pourquoi je pleure auprès de Dieu, Eli, Eli lama saba tani, à l’instar de Jésus à Goltha, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». La deuxième partie, introduite par la guitare solo, compte quatre fois l’expression « bomengo ata ndele » ou « le bonheur tôt ou tard ». En outre, on y écoute cinq fois l’expression « Nzambe yoka kolela» (Dieu écoute les pleurs) et quatre fois l’expression « kotika te» (Ne lâche pas). Enfin, la troisième partie est marquée par des cris d’animation de Bivhyens Rappa. Dans cette pièce musicale, il y a Babia qui fait l’appel, Koffi Olomide la réponse et les deux se retrouvent dans un chant polyphonique, et vice versa. Parfois, la réponse est donnée par un chœur constitué de Willy Bula, Suziki Luzibu, Nseka, Babia, Sam Tshintou. Pendant ce temps, Béniko est à la guitare solo, Fellt Tyson à la rythmique et Nsingi à la basse, Freddy Kebano à la programmation drums. Né le 25 novembre 1974 à Kinshasa en République démocratique du Congo, Baby Serge Ndonga, alias Babia Shokoro, a véritablement démarré sa carrière dans le groupe Taz bolingo junior. C’est le 8 janvier 1993 qu’il intégra le Quartier latin dans lequel il s’est distingué pendant plusieurs années, avant de le quitter pour une carrière solo. Entre-temps, il a fait des tours éclairs dans des ensembles musicaux tels qu’Anti choc et Wenge Musica. Babia arrive à Luanda le 21 décembre 2013 et y trouvera la mort le 8 octobre 2014.
Fréderic Mafina Légendes et crédits photo :Babia Notification:Non |