Interview : une popote difficile à boucler

Berthe-Nicole Tsouélé : « Aujourd’hui les mamans rencontrent les mêmes difficultés partout pour faire le marché. Ce sont les mêmes réalités : il ne faut pas moins de  5 000 FCFA, par exemple, pour faire les emplettes du jour pour une famille nombreuse. Sur trente jours un tel montant est difficile à atteindre. La vie coûte cher avec une famille nombreuse, on n’arrive pas à s’en sortir. Cette situation inquiète souvent les femmes qui ne cessent de se poser la question de savoir si les autorités ont connaissance d’une telle réalité. Les Congolais souffrent et ils doivent pouvoir compter sur l’aide de leur pays. Le coût de la vie ne correspond plus à nos salaires avec des maisons à louer qui ont augmenté. Quant aux besoins de santé, il ne faut même pas y songer ! Le sac de foufou actuellement est à 50 000 FCFA, le poisson chinchard est à 3 000 FCFA. Combien va rester pour le jour d’après ? La popote dépend de l’argent dont on dispose pour faire le marché, et non plus d’un montant mensuel fixe. Les salaires ne répondent plus. Je demande aux autorités de penser au peuple car ça ne sert à rien de construire des maisons à étages qui poussent dans tous les coins de rue dans la ville si d’autres versent des larmes pour trouver de quoi subsister. »

Joseph Louméko : les hommes n’ont plus un montant fixe à verser à leur femme pour la popote

« D’après moi, la question de la popote a été parfois considérée comme une plaisanterie ou une tromperie par des femmes auprès de leurs maris. J’ai longtemps douté de ma femme lorsqu’elle disait que l’argent était fini. À mon retour du service, les enfants déclaraient toujours qu’ils avaient faim. Face à cela, j’étais contraint de faire le marché moi-même, pensant que ma femme me dupait quelque part. J’ai tout de suite regretté. Je me suis rendu compte que les femmes se débrouillent tant bien que mal à faire le marché. On ne peut pas contenter toute la famille avec 3 000 ou même 5 000 FCFA. Et encore, il y a le petit déjeuner en plus des deux repas par jours qui ne sont plus à notre portée. Ce qui me désole dans tout cela, c’est que nos autorités connaissent bien cette question de vie difficile des Congolais. La preuve : certains responsables se déplacent pour aller constater sur le terrain l’élévation des prix. »