Pierre, Pietro …

Au terme d’un long exil en terre algérienne, il est  revenu parmi nous et repose  avec les siens au cœur du Mémorial érigé sur les berges du puissant fleuve Congo, là même où il fonda la grande cité qui porte à jamais son nom. Et,  depuis, il attire chaque jour vers lui des dizaines, des centaines d’hommes, de femmes, d’enfants désireux de mieux comprendre leur passé en visitant ce monument hors norme. Un afflux de visiteurs qui en dit long sur le charisme de cet Italien devenu Français dont l’humanisme marqua profondément nos pays.

Il faut croire, cependant, que l’aventure vécue par Pierre Savorgnan de Brazza est loin, bien loin d’être achevée puisque se tourne ces jours ci, devant nous, une nouvelle page de l’incroyable histoire initiée il y a plus d’un siècle. La signature, vendredi dernier, de l’accord de jumelage qui lie désormais le Mémorial de Brazzaville et le Musée familial du Castello di Brazza, en Italie du nord, va en effet permettre des échanges aussi riches que précieux pour la réécriture de ce passé commun trop longtemps occulté. Suivie, dimanche, par un entretien, à Mbé, entre le roi des Tékés, Speronella Savorgnan di Brazza et Corrado Pirzio Biroli, elle a lancé un processus dont sortira à terme très rapproché une vision plus précise, plus juste, plus humaine de ce long passé commun.

Alors que s’achève aujourd’hui la visite au Congo des représentants les plus qualifiés de la famille Savorgnan de Brazza, l’idée s’impose comme une évidence que le moment est venu, pour les quatre pays liés par la grande aventure vécue par l’explorateur, de mettre en commun les traces de ce passé aussi riche que précieux. Le Congo, l’Italie, la France, l’Algérie, qui s’unirent pour organiser en 2006 le transfert des restes mortels de Pierre Savorgnan de Brazza d’Alger à Brazzaville, doivent faire en sorte que les courriers, les rapports, les objets, les documents de toute sorte qui accompagnèrent l’homme et ses compagnons soient, sinon rassemblés, du moins mis en relation afin que les générations présentes et futures sachent ce qui s’est réellement passé tout au long de ce parcours historique.

Il ne fait pour nous aucun doute que le Mémorial Savorgnan de Brazza sera, dans les mois et les années à venir, le lieu où s’accomplira l’essentiel de ce travail de mémoire.