La communauté Sant’Egidio rend hommage à Floribert Bwana Chui

Mardi 20 Janvier 2015 - 15:15

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Une bonne palette de ce que l’Italie compte d’africanistes s’est retrouvée à Rome pour un hommage au jeune congolais assassiné en 2007 dans la rectitude.

Après de nombreux témoignages élogieux, c’est finalement un livre qui vient rappeler à qui voudrait l’oublier la mémoire d’un jeune de la République démocratique du Congo assassiné dans la fleur de l’âge en 2007 dans l’exercice de son métier. Il s’appelait Floribert Bwana Chui. Il fut assassiné dans la ville de Goma alors qu’il se refusait à accepter de l’argent pour laisser passer en douane des produits alimentaires ou ligneux avariés ou de contrebande.

Assassiné à 25 ans dans un exercice que l’on ne croyait plus possible de la part d’agents assermentés en Afrique, Floribert était agent des douanes mais aussi membre de la Communauté catholique Sant’Egdio. Il rêvait d’un monde de justice et savait mettre en avant ses convictions chrétiennes pour s’opposer aux passe-droits, aux raccourcis administratifs arrangés, au principe de fermer un œil pourvu que cela rapporte la ration de haricot pour les enfants à la maison. Il en est mort et la Communauté catholique Sant’Egidio ne pouvait pas faire moins que de le proposer en modèle à la fois de militance mais aussi de rectitude morale.

Elle le fait à travers un livre qui a été présenté mardi à Rome : « Il prezzo di due mani pulite. Un giovane contro la corruzione nella Repubblica Democratica del Congo » (Le prix de deux mains propres. Un jeune contre la corruption en Rèpublique démocratique du Congo). Publié aux éditions pauliniennes de Milan, le livre raconte en 14 chapitres le parcours de vertu et de douleur du jeune agent des douanes. L’auteur, Francesco de Palma, est lui aussi membre de la Communauté Sant’Egdio. Il explique avoir voulu rendre un hommage mérité « à un martyr de l’intégrité ».

Tous ceux qui ont positivement répondu à son invitation à la Basilique Saint Bartholomée de Rome mardi, entendaient eux aussi saluer le parcours d’un homme extraordinaire dans une vie des plus ordinaires. Sont venus des journalistes italiens confirmés, mais aussi le monde des institutionnels : Mario Giro, sous-secrétaire des Affaires étrangères ; l’italo-congolais Jean-Léonard Touadi ; Mgr Matteo Zuppi, auxiliaire du pape François pour le diocèse de Rome longtemps figure ecclésiale de Sant’Egidio connue dans les deux Congo, au Burundi, au Mozambique et dans d’autres pays où s’est engagée une réconciliation après des conflits.

Sont également venus le président actuel de Sant’Egidio, Marco Impagliazzo, mais aussi le procureur chef de Rome, Giuseppe Pignatone. Tous ont voulu venir témoigner d’une Afrique qui n’est pas que mare de corruption et de consciences érodées. D’ailleurs, comme clin d’œil d’un monde solidaire, le titre « Mains propres » renvoie à un épisode de la vie italienne qui, dans les années 1990, s’est caractérisé par une sorte de lessive dans les mœurs propres sous la férule de juges intransigeants (certains en sont morts).

L’histoire du jeune Floribert Bwana Chui est donc celle d’un jeune de son temps, avec un tempérament et les rêves de son âge, mais elle est aussi à l’image de son propre pays troublé par des années de violences. Aujourd’hui, à Goma et au Congo, les initiatives de la société civile pour relancer l’administration et consolider les pratiques devront compter avec des îlots de fermeté dans la tentation semblables à  Floribert. Car ils existent, plus nombreux qu’on ne voudrait le faire croire.

Lucien Mpama